L’art a ses raisons juridiques que la raison ignore et c’est actuellement une peinture de Pissaro, La Bergère rentrant ses moutons qui illustre cet adage. Réalisée en 1886, son histoire est plutôt mouvementée. Surtout depuis la Seconde Guerre mondiale. Tandis que le tableau appartenait à un couple de collectionneurs privés, Raoul Meyer et Yvonne Bader, celui-ci est spolié par les nazis en 1941. On le retrouve ensuite quelques années plus tard en Suisse, où il est revendu à David Findlay, un galériste new-yorkais. Ce dernier ne le garde pas longtemps et le revend à son tour, à un autre couple de collectionneurs américains, Aaron et Clara Weitzenhoffer. La Bergère rentrant ses moutons est ensuite légué au musée Fred Jones Jr, situé au sein de l’université d’Oklahoma.
Mais voilà, Léone-Noëlle Meyer, descendante de Raoul Meyer retrouve la trace du tableau en 2013 et souhaite son retour à Paris, afin qu’il soit exposé définitivement en France. Le bras de fer judiciaire commence alors entre la France et les Etats-Unis. En 2016, l’université d’Oklahoma consent à un règlement à l’amiable, mais l’accord ne sied point à Mme Meyer. Ce dernier stipule en effet que le tableau devra être exposé en rotation perpétuelle, tantôt en France pendant cinq ans, puis en Oklahoma pendant trois années et ainsi de suite. Une obligation interdite dans le droit français. Il faut également trouver un musée français qui accepte pareil engagement à ses frais. Le musée d’Orsay qui a été approché, a refusé. Le tableau, actuellement dans nos contrées, doit retourner aux Etats-Unis en juillet prochain. Et il se pourrait qu’il y reste définitivement si l’accord n’est pas respecté et que Mme Meyer continue ses poursuites judiciaires en France. Affaire à suivre.