Depuis son apparition dans les années cinquante, le rock ne cesse d’inspirer la mode, et réciproquement. Aujourd’hui, cet héritage n’a jamais été plus actuel. Des marques iconiques s’en emparent, à l’instar de Vinyl Factory ou The Kooples. Un hommage à une histoire qui ne cesse d’imprégner la société et fait du rock un socle de la culture contemporaine.
Les Beatles et les « Beatle boots »
Fashion, Art & Rock’n’Roll : en 2016, c’est sous ce titre que Jean-Charles de Castelbajac a rassemblé dans un livre sa vision de la mode après cinquante ans de carrière. « Il ne devrait y avoir aucune frontière entre la mode, l’art et la musique », confiait le créateur à Modzik à l’occasion de la sortie de l’ouvrage. L’histoire du rock, inséparable de celle de la mode qui lui est associée, lui donne raison. Depuis son apparition aux États-Unis, le rock n’a cessé d’évoluer, et la mode avec lui. C’est dans cette évolution perpétuelle qui l’a vu changer sans jamais lui faire perdre son identité profonde que réside le secret de la longévité du rock, qui ne cesse de mourir et de renaître, comme la mode, dans un incessant mouvement circulaire.
Dans cette histoire, Elvis fait figure de précurseur. Les blousons noirs des années cinquante ne s’en inspirent-ils pas, avec leurs boots pointues, leurs bananes et leurs jeans ? Les années soixante verront également le succès des Beatle Boots, avant que le mouvement hippie n’impose lui aussi son style dont persiste de nombreuses résurgences. Le mouvement punk, émanation plus tardive du rock, a mis à l’honneur le perfecto, porté par les Ramones, les Sex Pistols ou Lou Reed. Les années 90 verront les jeans se trouer et les carreaux envahir les chemises au son de Nirvana, et l’esthétique des sixties réapparaitre chez les groupes anglais comme Blur ou Pulp. Avant que le retour du rock ne souffle un vent nouveau sur les années 2000.
Jane Birkin et les Converse
Des liens indéfectibles entre rock et mode qui trouvent peut-être leur origine dans le succès de certaines marques emblématiques. Les Dr Martens ont ainsi acquis leur caractère d’icône du rock en traversant l’histoire. D’abord choisies par le mouvement skinhead dans les années soixante, immortalisées par le cinéaste Stanley Kubrick avec les malfrats d’Orange Mécanique, puis récupérées par le mouvement punk, les Doc Martens sont passées du simple rang de marque à celui d’objet culturel, voire d’objet culte. Même chose pour l’iconique Converse, portée aussi bien par Elvis que James Dean, Kurt Cobain ou Jane Birkin.
L’histoire serait incomplète sans la mention de ces musiciens qui ont franchi le pas et créé eux aussi leur ligne de vêtement : Amy Winehouse a dessiné une collection pour Fred Perry – marque elle-aussi emblématique des contre-cultures britanniques des années soixante. Un hommage de la musique à la mode, que la mode lui rend bien. The Kooples a ainsi lancé une collection à l’effigie du musicien David Bowie et du groupe Blondie. Pour Tom Van Dorpe, chargé de la nouvelle vision créative de The Kooples, « c’est une silhouette intemporelle, inspirée des classiques du rock ». Des liaisons intimes entre deux univers que l’on retrouve aujourd’hui chez Vinyl Factory, marque de lunettes française vintage et rock’n’roll à l’univers musical affirmé.
Clara Luciani et Vinyl Factory
Le rock’n’roll incarne un âge d’or qui n’en finit jamais d’inspirer les marques. Rétro, il est devenu intemporel. Raison pour laquelle dans la mode, le vintage n’a jamais été aussi actuel, surtout lorsqu’il est associé à une consommation responsable et durable: la marque Clook, par exemple, propose une ligne de vêtements rock avec des créations originales et des sweats imprimés en France. Et les musiciens sont séduits en retour : les lunettes de Vinyl Factory par exemple, au design rock made in France, sont portées par de nombreux musiciens iconiques comme Roger Hodgson du groupe Supertramp ou encore Juliette Armanet ou Clara Luciani.
Au-delà d’une simple pratique commerciale, les allers-retours entre mode et rock témoignent bien d’un esprit qui les dépasse. Pour Deanna Adams, auteur de Rock’n’Roll and the Cleveland Connection, « le rock n’est pas seulement le rock, il ne mourra jamais car c’est une branche large et solide sur un arbre très vieux et très robuste ».