C’était l’un des sculpteurs les plus illustres de la Troisième République. Il était même considéré comme le plus talentueux de sa génération. Mais à partir de l’année 1940, sa carrière a totalement pris fin et son travail et son nom sont tombés peu à peu dans l’anonymat. Lui, c’est Emile Guillaume et on peut le redécouvrir grâce à un ouvrage qui vient de paraître, Emile Guillaume (1867-1954), le sculpteur de la 3e République, signé Roland Biguenet. Un amateur d’histoire dont la femme est la descendante de l’artiste. Il s’est alors attelé à un long travail de recherches qui lui a permis de remettre au goût du jour celui qui avait permis la décoration du Palacio das Laranreijas situé à Rio de Janeiro et que l’on considère comme le Versailles brésilien.
Le lecteur suit l’histoire de la vie du sculpteur comme un roman, entre les nombreuses récompenses qu’il reçoit pendant sa carrière à ses critiques parfois blessantes de la part de confrères jaloux, de ses rencontres avec les grands de son époque comme la créatrice de la Canne blanche, Melle Guilly d’Hermemont, l’industriel François Mercier, le marquis de Chaumont-Quitry, le poète Catulle Mendes. On accompagne l’artiste lors de ses voyages en Tunisie, en Grande-Bretagne, en Hongrie et donc au Brésil, on le soutient dans ses combats pacifiques en faveur de la réconciliation européenne pendant la Première Guerre mondiale, on revit à ses côtés l’élaboration de la statue de la Délivrance en 1920, une de ses œuvres les plus célèbres et reproduites ou le monument en l’honneur d’Aristide Briand. Passionnant de bout en bout.