La maison Artcurial est sous le feu de l’actualité pour tous les fans de neuvième art. Le 21 novembre prochain, elle mettra en effet en vente un dessin inédit de Hergé, qui aurait dû servir de couverture initiale pour le tome Tintin et Le Lotus bleu. On y voit la fameuse représentation de Tintin et Milou dans le grand vase Ming en porcelaine bleue (image devenue iconique), mais cette fois-ci, il est effrayé par un immense dragon rouge qui le regarde en souriant. Un dessin à la gouache daté de 1936 de toute beauté et que Hergé aimait tout particulièrement. Mais lorsque le dessinateur le propose à Casterman, son éditeur, ce dernier le refuse net. Le dessin reproduit en série coûterait bien trop cher à produire. Les couleurs étaient en effet bien trop intenses pour l’époque et auraient nécessité d’augmenter le prix des albums, ce à quoi l’éditeur se refuse, les titres de Tintin se vendant déjà plus chers que les autres bandes dessinées à l’époque. Hergé est donc invité à revoir sa copie et à dessiner la couverture du cinquième tome des aventures de son reporter à la houppette, telle qu’on la connaît désormais.
Pour autant, le dessinateur ne jette pas son œuvre. Il la donnera à Jean-Paul Casterman, fils de son éditeur. Le petit garçon de sept ans la plie consciencieusement en six, la range dans un tiroir et il fait signer son illustration 45 ans plus tard à Hergé, en 1981, lors des retrouvailles entre le dessinateur et son ami Tchang que l’on rencontre justement dans Le Lotus bleu. Après une courte exposition du dessin en 1991, on ne reverra plus la gouache avant cette mise en vente exceptionnelle. Elle est aujourd’hui estimée entre 2 et 3 millions d’euros, même si de nombreux fans de Tintin estiment que l’histoire qui entoure cette illustration est fausse et que Hergé n’a jamais voulu en faire la couverture de l’album et ne devait pas être montrée au public. Trop tard…
