Décidément, le street-artiste Banksy n’est jamais là où on l’attend. Après avoir rendu hommage à sa manière à George Floyd ou créé une œuvre spécialement pour l’hôpital de Southampton au Royaume-Uni pour qu’elle soit mise aux enchères à l’automne prochain et récolte des fonds pour la NHS (le système de santé britannique), c’est à un autre projet d’envergure à portée sociale que vient de se livrer l’artiste. Très touché par la tragédie des migrants qui traversent, pour tenter de survivre, la Méditerranée, il a décidé de financer et sponsoriser un navire destiné à les secourir. Le bateau, qui appartenait auparavant aux douanes françaises, s’appelle Louise-Michel, en hommage à la célèbre militante anarchiste et héroïne de la Commune de Paris en 1871 et il est actif depuis le 18 août dernier, depuis son départ de Borriana, près de Valence. Et depuis, il est déjà venu au secours de 89 personnes, dont 14 femmes et 4 enfants.
Une opération qui s’est déroulée dans le plus grand secret. Seul l’équipage, composé d’une dizaine de personnes dont une femme capitaine, l’Allemande Pia Klemp, était au courant que Banksy oeuvrait derrière cette opération. Et tout le monde a gardé le secret et joué le jeu. Mais depuis le départ du navire, difficile de l’ignorer : l’artiste s’est fendu en effet d’un immense graff rose sur la coque du bateau, sur lequel on peut discerner une jeune fille dans un gilet de sauvetage et qui tient une bouée en forme de cœur. Le bateau navigue également sur les réseaux sociaux puisqu’il dispose de son propre compte Twitter dans lequel il relate ses aventures. But désormais du navire : empêcher les gardes-côtes libyens de repêcher les migrants avant eux et de les emmener dans des camps de détention. Un beau geste autant humain qu’artistique.