Cette année, cela fait huit ans que le peintre Albert Ayme nous a quittés, à l’âge de 92 ans. Un artiste qui s’était d’abord illustré dans la peinture figurative, puis à l’abstrait dans les années 1960, genre auquel il donna ses lettres de noblesse, y travaillant toujours avec acharnement pendant plus de cinquante ans, tout en en étant l’un des principaux théoriciens. Parmi ses méthodes, celle du développement du « langage spécifique » de l’abstraction, permettant de dégager à la fois les lois de la peinture et ses structures secrètes. Ayme n’aimait rien tant que transmettre cette méthode à travers la publication de plusieurs ouvrages livrant la genèse de son œuvre, ses résultats, mais aussi comment l’interpréter. « Mes textes sont un temps de ma peinture », soulignait-il, ajoutant « L’art est avant tout un moyen de connaissance et une science poétique inaliénable ».
Si ses œuvres vous paraissent toujours mystérieuses malgré les explications du maître, la réalisatrice Anouchka Dyephart vient de mettre en ligne un court-métrage documentaire d’une vingtaine de minutes (à découvrir en cliquant ici), Regards croisés sur l’œuvre d’Albert Ayme, où quatre spécialistes issus d’univers totalement différents (mais terriblement proches également) racontent leur vision de l’œuvre d’Ayme. On retrouve ainsi, en plein cœur de l’atelier du peintre qui était situé dans le 13e arrondissement, le compositeur et musicologue Jean-Yves Bosseur, le psycho-sémioticien Ivan Darrault, l’écrivain Jacques Henric et le mathématicien et philosophe des sciences Jean Petitot. Des témoignages fascinants et foisonnants, comme le travail d’Albert Ayme.