Le Covid-19 a fait une nouvelle victime parmi les artistes, en la personne de la créatrice et décoratrice Leïla Menchari, décédée le 4 avril dernier à l’âge de 92 ans. Une artiste et artisane bien connue par les amateurs de la marque Hermès dont elle fut la décoratrice emblématique. Avant cette consécration, Leïla Menchari a rencontré les plus grands à sa Tunisie natale pendant son adolescence, grâce à Jean et Violent Henson qui la prennent sous son aile et l’initient aux arts multiples en compagnie de Man Ray, Serge Lifar, Jean Cocteau ou encore Christian Bérard. Forte de cet engouement tout particulier, elle fait des études à l’Ecole des Beaux-Arts de Tunis, puis à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris où elle côtoie les stylistes et couturiers Azzedine Alaïa et Guy Laroche. Une révélation.
Extrêmement douée de ses mains, elle entre chez Hermès où elle laisse libre court à son imagination débordante dont les dessins de fleurs sont un passeport pour l’avenir. On lui propose de « dessiner ses rêves » et pendant plus de cinquante ans, elle fut la décoratrice des vitrines de la maison Hermès au 24 rue du Faubourg Saint-Honoré et a participé à la conception du fameux carré Hermès. Son influence est telle que l’on se presse pour admirer ses créations, tant ses vitrines ressemblent à des décors de théâtre oniriques qui ne ressemblent à aucune autre. Ce n’est pas pour rien que le Grand Palais la mit en avant à travers l’exposition Hermès à tire-d’aile, les mondes de Leïla Menchari en 2017, avec des représentations des décors les plus impressionnants qu’elle a pu concevoir. Des décors à retrouver désormais dans l’ouvrage Leïla Menchouri, la Reine Mage, aux éditions Actes Sud.