Désormais, Rihanna, Virgil Abloh et Stella McCartney partagent avec neuf autres personnalités la responsabilité d’élire le designer de 2020 ainsi que le meilleur espoir. Comme tous les ans depuis 2013, le Prix LVMH sera décerné aux jeunes créateurs de mode et jeunes diplômés qui terminent leurs études.
Il faut dire que le choix ne sera pas simple. La liste des huit finalistes, dévoilée mardi 10 mars, inclut le designer japonais Tomo Koizumi, dont les créations « démentes et méticuleuses » tendent à rapprocher la mode de l’art contemporain.
Peter Do, ancien élève du Fashion Institute of Technologie (FIT) ayant gagné le premier prix LVMH des jeunes diplômés en 2014, fait également partie de la short-list de cette année. Ses silhouettes inspirées de la mode masculine et ses coupes novatrices en font même l’un des favoris pour remporter le prix.
De son côté, la jeune designer sud-africaine Sindiso Khumalo, née au Botswana et basée au Cap, souhaite créer des vêtements modernes et durables en mettant l’accent sur l’histoire africaine. Elle s’est notamment inspirée de la princesse africaine Sarah Forbes Bonetta, sauvée de l’esclavage au XIXe siècle et devenue la filleule de la reine Victoria par la suite.
Une recherche similaire anime les créations de Nicholas Daley, d’origine écossaise et jamaïcaine, qui fait souvent référence à ses propres parents et à leur Reggae Club. Sa collection automne-hiver 2020, présentée à la Fashion Week Homme de Londres, mélange des influences diverses dont l’afrofuturisme, le psychédélisme et le jazz expérimental.
Le créateur français d’origine marocaine Charaf Tajer fait également partie des huit finalistes. De l’avis des experts, sa marque Casablanca « a réussi à électriser la mode avec ses vestiaires twistés d’exotisme ». Ses créations « après-sport », à la fois confortables et chic, rendent hommage à ses racines marocaines tout en invitant au voyage et à l’évasion.
Prix LVMH : Une création diverse et engagée
L’horizon de la mode contemporaine continue de s’élargir grâce à Priya Ahluwalia, une créatrice particulièrement respectueuse de l’environnement. La jeune Londonienne d’origine indienne et nigériane, utilise de vieux stocks de vêtements et des tissus recyclés pour donner une nouvelle vie aux textiles. La créatrice propose un vestiaire masculin d’inflexion sportswear, esthétiquement léger mais éthiquement très engagé.
Britannique, Supriya Lele apporte quant à elle la richesse de ses origines indiennes. Ses robes en maille inspirées du sari et ses pantalons en organza font allusion au grand pays asiatique. « Je vois mes origines comme une source d’inspiration inépuisable. Il y a tant de choses à explorer, chaque saison peut être différente », explique-t-elle.
Enfin, l’Américaine d’origine bulgare Emma Chopova et la Britannique Laura Lowena confirment l’importance que les nouveaux créateurs accordent à la protection de l’environnement. Le duo Chopova-Lowena associe en effet des textiles traditionnels recyclés à une esthétique d’avant-garde pour créer des jupes multicolores ou encore des leggings brillants.
Il s’agit en somme d’une sélection qui montre la richesse de la création contemporaine et la force de ses engagements. « Cinq des finalistes dessinent des vêtements féminins. Les trois autres s’approprient les codes du prêt-à-porter masculin », résume Delphine Arnault, vice-présidente exécutive de Louis Vuitton et fondatrice du Prix LVMH.
Tradition et avant-garde
Certes, les finalistes sont basés à Londres, New York, Tokyo et Le Cap, et rendent hommage à leurs traditions et origines respectives. Mais leur diversité ne doit pas faire oublier ce qui les rassemble : « Les huit candidats ont tous en commun d’être très talentueux dans leurs domaines et de valoriser leurs savoir-faire respectifs », souligne Delphine Arnault. Et d’ajouter : « Cette année, une fois de plus, les demi-finalistes nous ont impressionnés par leur créativité et leur engagement à créer des vêtements respectueux de l’environnement. Je tiens à les féliciter ! ».
Les lauréats recevront des dotations de 300 000 euros (Prix LVMH pour les jeunes créateurs de mode) et 150 000 euros (Prix Karl Lagerfeld) ainsi qu’une année de mentorat au sein du groupe LVMH. Mais cela ne s’arrête pas là. « Le Prix est une incroyable opportunité : il permet à ces jeunes créateurs d’être évalués par les membres du jury et de bénéficier de leurs conseils », ajoute Delphine Arnault.
Pour le jury, le choix ne sera donc pas facile. Jonathan Anderson, Kris Van Assche, Nicolas Ghesquière, Maria Grazia Chiuri, Marc Jacobs, Clare Waight Keller, Sidney Toledano, Jean-Paul Claverie, Delphine Arnault et les trois nouveaux membres devront annoncer, le 5 juin prochain, le nom du meilleur ou de la meilleure designer 2020. Mais, quel que soit leur choix, les 12 jurés sauront qu’ils ont contribué à encourager la création et l’innovation dans le respect des savoir-faire ancestraux et de l’environnement.