Avec une actualité entièrement tournée vers le Coronavirus, on peut passer à côté de douloureuses informations artistiques, comme la disparition du photographe et plasticien allemand Frank Uwe Laysiepen, dit Ulay, décédé dans la nuit du 1er au 2 mars en Slovénie, à l’âge de 76 ans. On lui doit d’être le pionnier du « body art » et de la performance artistique, avec des happenings radicaux qui ont marqué les esprits de celles et ceux qui ont eu la chance de les admirer.
C’est vers la fin des années 1960, alors que l’artiste qui expérimente la photographie, qu’il se tourne vers le body art, mélangeant art et langage corporel. Il place dans ses œuvres à la fois le travestissement, mais aussi le tatouage, à travers des Polaroids, dans une recherche constante d’études sur l’identité et la manière dont le corps se transfigure. Il expérimente ensuite pendant une dizaine d’années, entre 1976 et 1988, le travail à deux, en collaborant étroitement avec Marina Abramovic, également sa compagne. Tous deux redéfinissent la notion de genre et de sexe, en montrant le corps humain dans ses extrêmes limites physiques, proche de la souffrance. Leurs œuvres se font alors plus dérangeantes et perturbantes pour le public. Leur séparation est elle-même une performance artistique : ils ont décidé de débuter un parcours à pied depuis chaque bout de la Grande Muraille de Chine, marchant pendant 90 jours l’un vers l’autre, pour se dire au revoir en public une fois au centre. Mais c’est en faisant de lui-même une œuvre qu’Ulay a fait parler récemment, avec Project : Cancer, où en 2011, il met en scène sa maladie et sa chimiothérapie. Il laisse derrière lui des œuvres présentes dans de nombreux musées à travers le monde, dont le Centre Pompidou et le MoMA.