Christian Boltanski est un artiste français contemporain reconnu, lauréat de nombreux prix, célèbre pour ses installations comme Personnes, lors de la MONUMENTA 2010 au Grand Palais. C’est un artiste utilisant divers médiums : photographie, sculpture, projection, installation… Le Centre Pompidou lui consacre une deuxième rétrospective (la première ayant eu lieu en 1984) : Christian Boltanski. Faire son temps, conçue par Bernard Blistène, directeur du Musée National d’Art Moderne et commissaire de l’exposition.
Cette grande rétrospective ressemble à un labyrinthe, à une scène du théâtre où les œuvres s’inscrivent dans l’espace, mais aussi dans le temps. L’idée du temps, de son écoulement inévitable, est parfaitement reflétée dans l’œuvre Crépuscule (2015) : une installation lumineuse composée avec des ampoules éclairés. Chaque jour une ampoule s’éteint en laissant sur l’œuvre une empreinte du temps qui passe. Le travail de Boltanski se situe au croisement de la mémoire et de la nostalgie, celle-ci se nourrissant de celle-là. Certaines salles sombres, où sont présentées des photographies à peine éclairées, donnent l’impression aux visiteurs de fouiner dans la maison d’un inconnu en son absence et d’observer son intimité. « Plonger dans le noir change pas mal des choses », dit l’artiste. Paradoxalement, l’obscurité apparait comme la condition d’une « présence ».
Dès le début de l’exposition, on est plongé dans cet univers sombre, plein de portraits en noir et blanc, éclairés par une faible lumière. Sur ces portraits, les visages apparaissent flous comme dans un songe ; sont-ils des visages de fantômes ? Cette dimension spectrale, le sillage de la mort accompagnent le questionnement de Boltanski sur l’absence et la présence. La mémoire occupe une place singulière dans les œuvres Autel Chases (1991) ou Réserve : les Suisses morts (1991). Ces installations, composées des photographies d’inconnus, tirées de nécrologies, deviennent de véritables lieux de mémoire. Dans une atmosphère d’archives, l’artiste interroge à travers ses œuvres les souvenirs individuels et collectifs, les histoires du peuple juif ; il questionne le passé.
L’espace de l’exposition est une scène de théâtre et en même temps un lieu d’errance. Le visiteur plonge dans le noir, traverse les passages illuminés, s’arrête aux lieux de mémoire, trouve une paix méditative devant Misterios (2017). En quête de réponses à ses questionnements, Boltanski est parti en Patagonie où, selon les légendes, les baleines cachent les secrets de l’univers. On n’est pas en mesure de savoir s’il a trouvé des réponses à ses questions, mais de cette quête est née Misterios. Ce voyage sombre, nostalgique, captivant et méditatif est à faire jusqu’à 16 mars.
Christian Boltanski. Faire son temps – jusqu’à 16 mars 2020 – Centre Pompidou, Paris.