Le 22 février, la maison de vente Versailles Enchères va disperser 293 lots entièrement consacrés au sculpteur Charles Despiau. Un catalogue intitulé Charles Despiau : vente d’atelier, qui remet au goût du jour un artiste moderne quelque peu oublié. Contemporain d’autres sculpteurs tels que Aristide Maillol, Paul Belmondo ou André Derain et décédé en 1946, son destin va changer du tout au tout à cause en 1941. Alors membre du groupe Collaboration sous la présidence de Georges Grappe (conservateur du musée Rodin), il participe à une visite en 1941 en Allemagne nazie, sur invitation de l’artiste Arno Breker, alors dans les petits papiers d’Hitler. Despiau sympathise avec ce dernier et va jusqu’à signer une introduction du catalogue des œuvres de Breker. Un acte qui va le vouer aux gémonies. En 1946, peu avant sa mort, il est condamné pour collaboration et se voit interdit d’exposer et de vendre ses œuvres en France pendant deux ans. Sa veuve lègue alors en 1959, par testament, l’intégralité de l’atelier de son mari à l’Etat Français, qui vient enfin de l’accepter. D’où cette mise aux enchères qui s’annonce exceptionnelle.
Son œuvre vendue la plus chère à ce jour est une sculpture en bronze de 1925, Eve, qui fut acquise en 1990 pour la somme de 64 530 euros et la plupart de ses bustes en bronze ou en plâtre sont estimés entre 20 000 et 40 000 euros. La totalité des 293 œuvres qui seront vendues le 22 février prochain sont estimées pour le moment à 500 000 euros. Curieusement, on y retrouvera peu de sculptures (la pièce la plus attendue est un nu en bronze créé en 1925 à trois exemplaires et estimé à 80 000 euros), surtout des dessins : des crayonnés, des études de nu, dont les prix de départ seront à la portée de toutes les bourses, puisqu’aux alentours d’une centaine d’euros. De quoi acquérir de l’art à prix coûtant.