Le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée propose du 22 janvier au 4 mai 2020 une exposition visant à mettre en lumière le rôle du voyage dans l’histoire de l’art. Un sujet sur mesure pour une institution attachée à analyser la puissance des rencontres civilisationnelles.
On ne compte plus les peintres qui sont partis chercher l’inspiration dans un ailleurs radicalement différent de leur région d’origine. Citons Matisse et Braque qui, au début du XXe siècle, sont suffisamment bouleversés par les lumières de la Provence pour remettre en question leur entière conception de la forme et de la couleur. Mais aussi Paul Klee, dont le pinceau s’affine en Afrique du Nord. Et Gauguin, qui trouve de nouvelles formes en Polynésie française. C’est dire si la notion de voyage a été fondamentale dans l’histoire de l’art occidental depuis 1900.
D’autres artistes traitent la notion de façon plus détournée. L’exposition fait ainsi une place à ceux qui étudient l’objet « valise », ou jouent sur les représentations du territoire rêvé. Elle examine aussi les voyages dont on ne revient pas : le dernier voyage (Victor Brauner) ou l’accident d’avion. Et enfin, sujet essentiel à notre époque, en particulier dans l’espace méditerranéen, elle accorde une place importante aux situations d’exil et d’errance forcée.
Organisée dans un ordre thématique plutôt que chronologique, « Voyage voyages » reste fidèle à la tradition du MUCEM de proposer, avec sérieux et malice, des rapprochements inattendus et des points de vue inédits. Et ça fait mouche.