Objectif de cette leçon :
Le street art est un mouvement relativement nouveau qui devient de plus en plus présent dans le monde de l’art. Dans cette leçon, nous allons explorer l’histoire du graffiti, qui est à l’origine du street art, puis nous verrons comment le street art est devenu ce qu’il est aujourd’hui. Regarder l’histoire du graffiti est essentiel pour comprendre les nuances entre le graffiti et le street art et pour comprendre les avantages et les inconvénients du street art en tant que mouvement et comment les artistes catégorisés comme artistes urbains ont soit adopté le mouvement, soit y ont répondu. À la fin de la leçon, les élèves devraient avoir une meilleure compréhension de la façon dont le graffiti a ouvert la voie au street art. Ils devraient aussi être capables de réfléchir de façon critique sur une œuvre d’art pour déterminer si elle se rapproche plus du graffiti ou du street art.
Cette leçon s’adresse de préférence aux élèves de collège ou de lycée. Ici, nous avons présenté le sujet comme une leçon d’histoire de l’art, mais il pourrait facilement être adapté en une leçon d’arts plastiques.
Dans la troisième et dernière partie de cette leçon, nous verrons ce que le street art est devenu aujourd’hui par rapport au marché de l’art et comment le street art a été reçu au sein de la communauté artistique. Nous discuterons également de certains problèmes liés au street art. Bien entendu, ces questions peuvent être adaptées à votre leçon et les points qui suivent ne sont en aucun cas exhaustifs.
Avant de commencer la partie III de cette leçon, consultez la partie I et la partie II.
Partie III : Le street art aujourd’hui
1) Commencez par un récapitulatif des deux dernières leçons. Maintenant que les élèves sont mieux informés sur le graffiti et le street art, vous pouvez démarrer une discussion avec quelques questions, telles que :
- Comment votre perception de ce que sont le street art et le graffiti ont-elles changé ?
- Cette perception a-t-elle changé de façon négative ou positive ? Pouvez-vous expliquer comment ?
- Avez-vous commencé à remarquer les graffitis et le street art dans plus d’endroits ? Sur Internet ? À la télévision ?
- Comment pensez-vous que le street art est reçu sur le marché de l’art ?
- Quels problèmes voyez-vous avec le street art en tant que genre ?
2) Les définitions à garder à l’esprit :
- Marché secondaire de l’art : la revente des œuvres d’art. Souvent, la personne qui vend l’œuvre a peu de contact avec l’artiste.
3) Le street art sur le marché de l’art, dans les musées et les galeries. Cette section explorera comment le street art s’est retrouvé au premier plan du marché de l’art et s’est fait connaître auprès des galeries et des musées.
Le street art a parcouru un long chemin depuis qu’il est né du graffiti. Il est sans doute devenu la forme de graffiti la plus acceptée et, ces dernières années, il est devenu l’une des formes d’art les plus recherchées. Dans un rapport récent, Jean-Michel Basquiat, Banksy, KAWS et Keith Haring font partie des artistes les plus en vue lorsqu’il s’agit de résultats de ventes aux enchères. En 2019, Basquiat a rapporté la somme faramineuse de 93,8 millions de dollars et KAWS n’a été devancé que de peu, rapportant 90,3 millions de dollars de ventes. Leur succès est presque au coude à coude sur le marché secondaire. Haring et Banksy ont réalisé chacun un chiffre d’affaires d’environ 25 millions de dollars. Le succès de ces artistes et de nombreux autres montrent qu’à l’heure actuelle, les collectionneurs cherchent à élargir et à compléter leurs collections.
Plus tôt cette année, une installation peinte par Keith Haring dans un centre pour jeunes de la ville de New York a été extraite du bâtiment, pour être vendue par l’église qui en était propriétaire. La fresque, qui mesurait plus de 25 mètres de long et s’étendait sur plus de 10 grandes dalles, comprenait certaines des figures emblématiques de Haring et a été vendue aux enchères pour plus de 3,8 millions de dollars. Les entrées pour une exposition d’œuvres de Basquiat, qui comprenait un certain nombre d’œuvres rarement vues, se sont vendues en quelques heures et il a fallu prolonger l’exposition pour répondre à la demande. En outre, il existe d’innombrables articles en ligne qui conseillent les collectionneurs potentiels sur la façon de collectionner le street art et sur ce qu’il faut rechercher lors de l’achat d’une œuvre de street art.
Sa popularité croissante en tant que forme d’expression artistique, en particulier sur le marché secondaire de l’art, a conduit à des résultats de ventes aux enchères record et a provoqué la révolte de certains artistes. Banksy est responsable de l’une des rébellions les plus notoires contre les sommes dépensées en art, quand en 2018, l’artiste a déchiqueté sa propre œuvre lorsqu’elle a été vendue pour 1 million de livres sterling. Son coup ne s’est pas tout à fait déroulé comme prévu, la déchiqueteuse ayant mal fonctionné et Girl with Balloon n’a été que partiellement déchiquetée. Mais après cette performance qui a choqué les amateurs de ventes aux enchères, l’œuvre d’art a été rebaptisée Love Is In The Bin. Ironiquement, la valeur de l’œuvre peut grimper maintenant qu’elle a fait partie de l’un des événements les plus choquants du monde.
En plus de son attrait pour les collectionneurs et les musées, le street art participe également au tourisme dans certaines villes. Chicago a même constitué une base de données pour sauvegarder le street art et les œuvres de graffiti après qu’une œuvre de commande par Blek le Rat ait été repeinte par erreur. La base de données exige que les œuvres qui lui sont soumises soient légales, mais elle constitue également une ressource pour les personnes qui visitent la ville afin de savoir où trouver des œuvres particulières. À Bristol, la ville natale de Banksy, une recherche rapide sur Google permet d’obtenir de nombreuses cartes qui peuvent vous diriger vers toutes les œuvres de l’artiste dans la ville.
Le street art compte bien garder la place qu’il s’est faite dans les musées et les galeries. Récemment, JR a ouvert une exposition d’œuvres au Brooklyn Museum de New York, qui présente des œuvres de l’artiste anonyme spécialement conçues pour une galerie. Retna a également participé à de nombreuses expositions et foires, dont certaines des plus grandes scènes du monde de l’art, comme Art Basel.
4) Mais qu’en est-il des pièges du street art ? Les artistes sont-ils d’accord avec l’étiquette « street art » ? Comment la commercialisation a-t-elle affecté le street art et les artistes urbains ?
Malgré l’engouement autour du mouvement, il y a un certain recul de la part des artistes qui ont été catalogués comme artistes urbains. Dans une interview pour le New York Times, JR a dit : « Je n’aime pas vraiment le terme « street art ». Mon atelier a été la rue pendant de nombreuses années, juste parce que je devais installer mon travail partout où je pouvais, et que je ne connaissais rien d’autre. Pour moi, c’est de l’art, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Parfois, ça ne marche pas dans une galerie. » JR n’est d’ailleurs pas le seul. D’autres artistes dont les œuvres ont été créées dans le cadre du street art n’apprécient pas la catégorisation de leur travail en tant que tel. Paul Walsh, un artiste néo-zélandais, a révélé en 2018 qu’il « détestedétestedéteste » lorsque son travail est qualifié de street art. Beaucoup pensent que le street art, en tant que catégorie, diminue la qualité et le but de leur travail, d’autant plus que le street art a été adopté par des entreprises qui utilisent des styles de street art comme une stratégie marketing. Cependant, les raisons pour lesquelles les artistes aiment ou n’aiment pas l’étiquette et à quel point ils la trouvent problématique varient. Ce n’est pas la première fois que les artistes n’aiment pas que leur art soit mis dans un genre et, à moins que le monde de l’art n’abandonne définitivement ces étiquettes, ce ne sera certainement pas la dernière.
Un dernier sujet qui mérite d’être discuté est la façon dont le street art a été assimilé par le marketing et les produits grand public. Les affiches, les vêtements, les coques de téléphone, les meubles et bien d’autres produits ont adopté le style de nombreux graffeurs et artistes urbains. Tandis que certains artistes ont encouragé cela, comme KAWS, qui a fait équipe avec la marque de mode UNIQLO à plusieurs reprises, d’autres ont pris des mesures juridiques pour arrêter l’utilisation de leurs images sans autorisation.
Activité :
- Pour un cours pratique, après avoir fait une critique, demandez aux élèves de continuer à travailler sur leurs graffitis ou leurs œuvres de street art. Leur œuvre devrait être une œuvre finie qui correspond à votre rubrique habituelle. À la fin du projet, faites une critique finale au cours de laquelle les élèves peuvent discuter de leurs œuvres et de sujets comme ce qu’ils ont trouvé stimulant, gratifiant et ce qu’ils pourraient faire différemment la prochaine fois.
- Pour un cours d’histoire de l’art, les élèves devraient se sentir prêts à poursuivre leur rédaction sur un sujet choisi dans le domaine du street art ou du graffiti. Si possible, une présentation accompagnant la rédaction pourrait être instructif pour les autres élèves.
Pour approfondir vos recherches :
Artprice by ArtMarket Presents the Top 25 Street Artists: Banksy’s Success in Not a Market Anomaly
Google Arts & Culture: Street Art
‘Mural’ vs. ‘Graffiti’ vs. ‘Street Art’: my definitions.
PBS NewsHour ‘The History of American Graffiti’: From Subway to Gallery’
TedEd ‘Is graffiti art? Or vandalism?’ by Kelly Wall
The Difference Between Street Art and Graffiti
