Les effets délétères des difficultés économiques réelles ou prétextées sur le monde de la culture et de la création ne sont plus à démontrer. Ils prennent une dimension plus inquiétante lorsqu’ils touchent des pays déjà menacés dans leur identité démocratique, comme l’est aujourd’hui le Brésil. C’est précisément de Rio que viennent des informations préoccupantes, relatives au MAR, Museu de Arte do Rio, dépendant de la Ville. Fondé en 2013 dans le quartier du port, le MAR a constitué en quelques années une collection d’art brésilien de première importance, mise en valeur par une intense activité de médiation, largement ouverte. Fin 2019, plusieurs membres du personnel ont été licenciés et tous ont reçu l’annonce d’un possible renvoi pour raisons financières : pratiques coutumières à Rio depuis que la ville est aux mains d’un évangéliste adepte du saccage des services publics.
L’émotion est grande, au Brésil et dans le monde entier, face à cette mise en cause d’un Musée considéré comme iconique. Une pétition a déjà recueilli plusieurs dizaines de milliers de signatures. Le CIMAM, Comité international des Musées d’Art moderne, lié à l’ICOM, a fait part dans un communiqué daté du 11 janvier de son inquiétude et de sa vigilance, pressant les autorités locales de rétablir pour le MAR un financement décent. Dans l’attente de nouvelles informations, toutes celles et tous ceux qui croient en la force émancipatrice de l’art ne peuvent que s’unir à cette action.
Illustration de titre : photo Thales Leite.