Difficile de passer à côté. On ne parle partout que de War Horse, le spectacle venu tout droit du West End et de Broadway et qui a récemment posé ses sabots sur la scène de la Seine Musicale. Une pièce signée Nick Stafford, d’après le roman éponyme (ou Cheval de Guerre en France) de Michael Morpurgo et qui a obtenu plus de 25 prix et nominations à travers le monde, notamment Laurence Olivier Awards et Tony Awards. Dans l’Hexagone, cette histoire de cheval d’exception anglais envoyé sur le champ de bataille dans la Somme pendant la Première Guerre mondiale et recherché par son jeune propriétaire qui s’engage dans l’armée pour le retrouver, était méconnue. Tout juste a-t-on pu voir le film du même nom de Steven Spielberg, même s’il n’a pas remporté le succès de ses autres longs-métrages. Et pourtant, cela n’a pas empêché le producteur Thierry Suc de se lancer dans l’audacieux pari de faire jouer jusqu’au 29 décembre seulement.
Ce qui étonne dans ce fresque monumentale, c’est à quel point il réunit de nombreux arts sur une seule et même scène. Une trentaine d’artistes s’y donnent sans compter, pendant plus de 2h35. Pièce de théâtre, on y joue, certes (en anglais sur-titré), on y chante aussi, occasionnellement. Mais la performance n’est pas là. Ce qui impressionne, ce sont les marionnettes animées sous nos yeux pour incarner le bestiaire du roman : oiseaux, oies, mais surtout chevaux. Si au début on est attentif à celles et ceux qui les manipulent, on cesse tout à fait d’y penser, tant le résultat est bluffant. Zébrant le dessus de la scène, un écran sous forme de nuage horizontal se fait menaçant et où apparaissent décors et ombres chinoises, dans des illustrations que ne renierait pas Murnau. Un spectacle complet donc, qui fait la part belle aux scènes émouvantes et esthétiques, parsemées de grands moments qui nous plongent dans les tranchées tonitruantes. On vibre littéralement avec les personnages. A voir absolument.