C’est une exposition tout à fait étonnante qui se tient actuellement au Musée d’Orsay. Elle n’est consacrée ni à un peintre, ni à un sculpteur ou un photographe, mais à un critique d’art du 19e siècle, l’écrivain Joris-Karl Huysmans. Si on connaît son roman A rebours, on est moins familier de ses articles artistiques participant au débat esthétique de son époque, alors qu’ils avaient fait grand retentissement. Le manque est réparé avec Huysmans critique d’art, de Degas à Grünewald, sous le regard de Francesco Vezzoli que l’on peut admirer jusqu’au 1er mars 2020. Un événement organisé conjointement avec le Musée de l’Orangerie de Paris et les Musées de la Ville de Strasbourg (où elle sera présentée du 3 avril au 19 juillet prochains).
On retrouve donc au cours de l’exposition, Huysmans l’amateur de Hals et de Rembrandt, le fervent défenseur de l’œuvre de Zola et des Fleurs du Mal de Baudelaire, au moment de sa découverte de la peinture de Degas. Un coup au cœur pour lui et ses critiques s’en ressentiront immédiatement, affirmant alors que nous entrions dans une ère de double modernité : celle des peintres de la vie moderne et celle des explorateurs du rêve et toutes deux pouvant vivre en parfaite cohabitation. C’est ainsi que l’on pourra y découvrir des œuvres, outre Degas, de Félicien Rops ou Odilon Redon, en plein cœur du 19e siècle, entre poussée naturaliste d’un côté, du décadentisme de l’autre et au retour des Primitifs. Huysmans est celui qui a le plus écrit sur tous ces courants, le plus encouragé et c’est tout naturellement que le Musée d’Orsay décide de lui rendre hommage à son tour.