À Art critique, nous tenons Antonio Canova, le maître de la sculpture néo-classique, pour l’un des plus grands créateurs de l’histoire des arts, et nous cultivons une vraie tendresse pour le Museo Canova de Possagno, dans le Nord-Est de l’Italie, qui présente dans un cadre merveilleux, avec une aile du grand Carlo Scarpa, des marbres et la plupart des plâtres de l’artiste. Depuis quelques semaines, les posts diffusés par la très dynamique équipe du Musée sur les réseaux sociaux (facebook ou instagram) sont systématiquement censurés lorsque les oeuvres représentent des personnages nus. Des marbres vieux de deux siècles, en 2019, sont victimes des algorithmes inventés par des esprits puritains malades parce que leur cache-sexe n’a pas les dimensions réglementaires ! Même le moralisme victorien n’allait pas jusque là. Historiens et amateurs ne peuvent tolérer une telle atteinte aux droits imprescriptibles de la beauté. Aussi le Museo Canova vient-il de diffuser un beau texte, court et percutant, contre la bêtise criminelle des censeurs. Nous sommes heureux de lui donner écho auprès des lecteurs français et souhaitons que l’oeil et l’esprit, forces de liberté, triomphent de la machine, force d’abrutissement.
Manifeste contre la censure des oeuvres d’art sur les réseaux sociaux
C’est au nom de la culture, de la beauté, de l’histoire, que nous nous rebellons.
Le monde s’est enrichi d’une beauté nouvelle : la beauté de la connexion. Chaque jour nous vivons connectés, nous échangeons des nouvelles, des informations… Mais que signifient des réseaux où il est impossible de partager dans son intégrité une oeuvre d’art représentant un nu ?
Nous voulons soumettre les algorithmes à la loi supérieure du nombre d’or.
Nous voulons chanter l’amour de l’art et de la beauté des seins d’Hébé, à peine esquissés.
Nous voulons l’origine du monde dans les salles de toutes les écoles.
Nous voulons partager sur les réseaux sociaux, sur tous nos « murs » virtuels, la perfection des corps nus représentés par les artistes de toutes les époques.
Nous exigeons la liberté de publication et la réclamerons avec obstination, jusqu’au succès.
Irene Longo & Laura Casarsa, pour la Fondazione Canova onlus.
Photos: Museo Canova, Possagno.