Jusqu’au 5 janvier, le MacLyon et les Usines Fagor organisent la 15e édition de la Biennale de Lyon d’art contemporain, intitulée Là où les eaux se mêlent et inspirée par la thématique du paysage au sens large, qu’il soit naturel, économique, social ou politique. Un véritable état des lieux de notre monde, alors que nous vivons en plein dans une ère géologique anthropocène, où l’homme influe directement sur son environnement à l’échelle internationale, avec un accès permanent à l’information, où tout va très vite et où l’on peut voyager n’importe où, n’importe quand.
Huit artistes sont représentés au MacLyon, tel le street artiste Aguirre Schwarz qui a prévu une œuvre où les logos partenaires de la Biennale se liquéfient littéralement, logos qu’il qualifie de « viol visuel ». « Il les tue symboliquement au pochoir, à la bombe ou en vidéo », explique le médiateur culturel du musée. Au rez-de-chaussée, on retrouve Josèfa Ntjam dont l’œuvre vise à montrer l’émancipation des peuples opprimés pour qu’ils reprennent leur destin en main. Au premier étage, Renée Levi a travaillé sur les perspectives et l’anamorphose, avec simplement une bombe de peinture et une serpillère, avec des couleurs dominantes comme le rose et le bleu. « Elle souhaite créer des œuvres reproductibles par tout le monde ». A côté, l’artiste cubaine Jenny Feal mélange son histoire personnelle avec la grande avec des structures plus monumentales et des matériaux naturels comme le bois ou la terre cuite. Quant à Gaëlle Choisne, qui a remporté le prix Marcel Duchamp, elle propose une œuvre qui parle d’amour, « avec une pensée non-linéaire, très éclatée, parlant de la colonisation d’Haïti, du capitalisme du plastique, de la prostitution ou de la superstition ». En montant aux étages supérieurs, on découvre des photos carcérales en noir et blanc de Karim Kal, avant de tomber à nez à nez avec les sculptures des artisans Dewar et Gicquel qui travaillent de manière traditionnelle sur du mobilier, des œuvres en bois qui représentent la campagne, des gisants entourés de végétaux ou de mammifères.
Du côté des Usines Fagor, place au gigantisme, avec cette fois-ci, 59 exposants disséminés dans quatre halls différents. Tout accroche le regard, tout interpelle, que ce soit une cuisine recouverte de sel, un terrain immaculé où trône une moto, une vidéo d’un homme marchant sur des nuages, d’une montgolfière en forme de corset féminin, d’une immense cuve rouillée, d’un laboratoire mystérieux créant un foie à redonner à Prométhée, d’une coulée de lave, d’animaux échoués, de barques sur un monticule de sable, de tonnes de cartons empaquetés… L’imagination de ces artistes semblent sans limite, surtout pour des œuvres éphémères dont la vocation sera d’être détruites sitôt la Biennale terminée. Une performance qui force l’admiration.