Les Gymnopédies d’Erik Satie, composées alors qu’il n’avait que 22 ans, continuent de nous hanter. Il n’avait pas hésité à l’époque, en expérimentateur hors pair, à faire de véritables performances artistiques, qui ont parfois dérouté le public, provoquant même le scandale. Précurseur des mouvements surréalistes et minimalistes, toujours inclassable, le voici désormais héros d’une pièce sur sa propre vie, également inclassable, tant elle convoque diverses formes, entre danse, illustrations projetées et musique, bien évidemment. Dans Je m’appelle Erik Satie comme tout le monde de Laetitia Gonzalbes (qui met également en scène), actuellement au Théâtre de la Contrescarpe, on pénètre dans l’esprit de l’étrange compositeur, alors qu’il est hospitalisé pour consommation excessive d’alcool (il mourra d’ailleurs d’une cirrhose du foie). Il raconte quelques pans de sa vie à Anna, une infirmière énamourée de son œuvre.
C’est Elliot Janicot, ex-pensionnaire de la Comédie Française qui prête ses traits à Satie, endossant son costume étriqué, son chapeau melon, son pince-nez et son parapluie, avec une énergie débordante et un charisme qui enveloppe la scène littéralement. Il donne la réplique à la comédienne et chanteuse Anaïs Yazit, qui ne démérite pas et qui suit la cadence ou la précède, c’est selon. Derrière eux, donnant à voir ce qui se trame dans la tête de Satie (et Dieu sait qu’il y en a, des choses), des projections d’illustrations signées Sulki, qui valent à elles seules le déplacement, où Satie devient un héros de dessin animé, où ses lettres se dévoilent, ses notes s’épanouissent. Un véritable enchantement théâtral.
Jusqu’au 4 janvier 2020, du mardi au samedi à 19h.
Théâtre de la Contrescarpe, 5 rue Blainville 75005 Paris.