Jamais Greco n’avait eu de rétrospective de sa carrière en France. Un manque étonnant désormais comblé au Grand Palais avec l’exposition qui lui est consacré jusqu’au 10 février 2020, en collaboration avec le musée du Louvre et l’Art Institute of Chicago. L’exposition y sera présentée à son tour, au printemps 2020. Il faut dire que l’art de Greco ne laisse pas indifférent. Il fut d’ailleurs pendant longtemps oublié, avant d’être redécouvert à la fin du 19e siècle et de jouir désormais de la popularité qu’il mérite. Tout ne fut pas simple pour le peintre, né Doménikos Theotokopoulos en Crète, en 1541. Formé à Venise, développant son art à Rome (et son mépris pour Michel-Ange), c’est finalement à Tolède, en Espagne, que Greco va s’épanouir et présenter des œuvres audacieuses pour leur époque, avec une palette de couleurs maîtrisée et en avance sur son temps.
Greco inventait des formes, reproduisait les mêmes figures en les modifiant, innovait perpétuellement, quitte à déranger ses contemporains. Et tout en les fascinant également. Plus de 70 de ses œuvres sont ici présentées. On passe de ses jeunes années en Crète et en Italie, à ses grandes commandes espagnoles, aux variations incessantes sur ses motifs récurrents comme la figure de Marie-Madeleine, tout en s’intéressant à ses sculptures, ses dessins et ses ambitions architecturales. On y présente également son atelier dans lequel il espérait que son fils lui succède, avant de terminer sur les années 1600-1614, où Greco donne toute sa démesure, au point aujourd’hui d’y voir une filiation directe avec Cocteau, Picasso, Dali ou encore Bacon qui tous, ont été foudroyés par son art. A nous de l’être à notre tour avec cette exposition captivante.