C’est sans doute l’une des expositions les plus intéressantes de cette rentrée, de celles qui ne laissent pas indifférents une fois qu’elles nous ont happés. Ne serait-ce que pour la personnalité atypique de l’artiste américain Roger Ballen, 69 ans, qui propose actuellement à la Halle Saint-Pierre de pénétrer dans les méandres de son esprit. Et quels méandres ! Au rez-de-chaussée, une immense installation où le chaos, la mort et la désolation ont semble-t-il pris part. Certaines œuvres risquent de heurter la sensibilité des plus jeunes visiteurs ou de ceux qui ne sont guère aguerris à l’art (souvent en noir et blanc) de Roger Ballen, qui n’en finit plus d’explorer la psyché humaine et de faire ressortir le pire d’entre nous. Toute la Halle est un support pour lui, chaque mur, chaque recoin, il y a toujours une surprise à découvrir, des objets détournés de leur fonction et qui paraissent animés de leur propre vie.
A l’étage, ce sont des œuvres qui ont fait le tour du monde et dont certaines sont montrées pour la première fois au public. Les animaux y sont légion, protecteurs ou empaillés, parcelles de vie ou de mort, dans un monde tourmenté qui fait la part belle aux cabossés de la vie, à celles et ceux dont l’existence se traîne dans des mises en scène parfois dérangeantes. C’est un chaton enserré entre deux pieds crasseux, un homme qui sert contre lui un porc, un autre dont la tête est coincée dans une cage d’oiseaux ou encore un sans-abri hirsute qui tient dans ses mains un rat blanc. A chacun de reconstituer comment ces êtres en sont arrivés là, comment Ballen a pu les rencontrer, les approcher, les mettre en scène. Et en faire quelque chose d’unique et de personnel comme si on pénétrait encore et toujours dans ses rêves et cauchemars les plus intimes. Une exposition à découvrir jusqu’au 31 juillet 2020.
Halle Saint-Pierre, 2 rue Ronsard 75018 Paris
En semaine de 11h à 18h, le samedi de 11h à 19h et le dimanche de 12h à 18h.