Le photographe et réalisateur suisse Robert Frank est décédé le 9 septembre dernier à l’âge de 94 ans. Naturalisé américain, on lui doit un regard tout personnel sur les Etats-Unis qu’il a découvert en 1947, à l’âge de 23 ans. Le jeune homme avait déjà le goût de la photographie, puisqu’il était en apprentissage chez Hermann Segesser quand il était adolescent. A New York, il trouve un poste de photographe pour le magazine Harper’s Bazaar, avant de décider de voler de ses propres ailes en découvrant le monde, entre Amérique du Sud et Europe. Il épouse l’artiste Mary Lockspeiser et obtient une bourse de la part de la Fondation Guggenheim en 1955, qui finance son voyage de deux années à travers les Etats-Unis, décidant de photographier la société américaine avec un regard distancié et ironique. Cela donnera le recueil Les Américains, paru en 1958, obtenant un vif succès, tandis qu’il participe au mouvement Beat en compagnie de Jack Kerouac.
Il se consacre ensuite au cinéma dans les années 1960, avec Pull my Daisy (sur le mouvement Beat, justement), Me and my brother, le documentaire Cocksucker Blues sur les Rolling Stones ou encore Candy Mountain en 1987 co-réalisé avec Rudy Wurlitzer, avec Tom Waits et Bulle Ogier. Il n’en oublie pas pour autant la photographie, en se spécialisant en photomontages ou polaroïds, dans l’optique de les transformer en auto-fiction qui le passionne. Il n’a eu de cesse de publier des ouvrages de ces montages jusqu’en 2016 et il a été exposé dans le monde entier, de la galerie Tibor de Nagy à New York au Jeu de Paume à Paris, en passant par le musée des beaux-arts de Houston ou le Kunsthaus de Zurich.