Des travaux d’ampleur au Musée de Cluny
Jusqu’au printemps 2021, le Musée de Cluny, le musée national du Moyen Age situé dans le 5e arrondissement parisien, est en pleins travaux, notamment pour permettre une accessibilité à toutes les personnes en situation de handicap. Des travaux qui ont pu voir le jour grâce à l’expertise scientifique et technologique de la Fondation EDF.
C’est depuis le 24 juillet 1843 que le Musée de Cluny fait la joie des Parisiens en particulier et des amoureux de la période médiévale en général. Un pan vers le passé au beau milieu de la capitale, dans le Quartier Latin, puisqu’il a été fondé sur les anciens thermes de Lutèce d’une part et sur l’hôtel des abbés de Cluny datant de 1485 d’autre part. En ses murs, une collection permanente de sculptures et de vestiges archéologiques parisiens, un condensé de l’art médiéval, où l’on retrouve la fameuse tapisserie de la Dame à la Licorne. Mais si le Musée de Cluny est l’une des institutions patrimoniales nationales les plus visitées de Paris, il n’avait encore jamais bénéficié de travaux de restauration et de rénovation d’ampleur, afin d’accueillir tous les publics, sans distinction et donner le même parcours de visite à chacun. C’est désormais chose faite. Ou en train d’être fait.
Des travaux en quatre étapes. « Rendre accessible à tous cet ensemble architectural exceptionnel relevait de la gageure », souligne la directrice du musée, Elisabeth Taburet-Delahaye. Ce projet d’envergure a été initié en 2011 par le Ministère de la Culture et la Direction générale des Patrimoines. Il a été conçu en quatre volets. Le premier, la restauration des parties les plus urgentes et indispensables (comme les espaces extérieurs des thermes ou la chapelle…), a été achevé en 2017. Le second, la construction du nouveau bâtiment d’accueil accessible depuis l’extérieur du musée et muni de deux ascenseurs, est opérationnel depuis le 13 juillet 2018. Mais les deux dernières étapes sont encore en cours. La troisième vient d’ailleurs tout juste de commencer. Il s’agit de la refonte des parcours de visite, à savoir l’ensemble de la présentation des œuvres et la partie archéologique, qui sera au sous-sol des thermes. Enfin, la dernière étape concernera l’amélioration de l’insertion urbaine, ce qui passera par la restauration du jardin. Douze mois de travaux seront nécessaires pour cette troisième étape, avec une ouverture totale du musée prévue pour mai 2021. « Le budget des travaux s’élève à 25 millions d’euros, assumés par l’Etat, car il s’agit d’un musée national, ainsi que par des mécènes, dont la Fondation EDF qui assure ici un mécénat de compétences, très important et essentiel pour nous. Ce partenariat précieux garantit en effet la faisabilité d’un tel projet », poursuit Elisabeth Taburet-Delahaye.
Un partenariat scientifique. Laurence Lamy de la Fondation EDF acquiesce : « le mécénat de compétences scientifiques EDF existe depuis les années 1990. Nous repérons les défis technologiques dans différents lieux culturels ou historiques ». Preuve en est le travail exceptionnel effectué sur la grotte Charvet, avec la création d’un logiciel permettant de quantifier par stimulation, la visibilité des œuvres préhistoriques présentes sur les parois. « On tient beaucoup à ce mécénat, qui est dans l’ADN d’EDF ». On assiste en effet à une véritable hybridation des compétences, avec des chercheurs qui se retrouvent dans des univers nouveaux pour eux, leur permettant de réconcilier la science et l’intérêt général. Le tout, avec un budget annuel de 10 millions d’euros. Et pour le Musée de Cluny, c’est toute une technologie liée à l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap qui a été mise en place par la Fondation.
Un musée accessible à tous. « L’accessibilité plurielle pour le musée, pour toute forme de gêne et de handicap est la priorité absolue », précise Laurence Lamy. Certains des problèmes ont été résolus grâce au nouveau bâtiment d’accueil. Mais les douze mois de travaux actuellement en cours ne seront pas de trop… Car pour le moment dans le musée, on compte 28 ruptures de niveau, avec de nombreux escaliers. Un défi colossal. Pour ce faire, la Fondation EDF a opté pour l’utilisation de la réalité virtuelle, au service du handicap, grâce à un outil de simulation en 3D. La technologie Virtual Fauteuil (en collaboration avec la société Emissive) permet ainsi de faire circuler les personnes munies d’un fauteuil roulant dans le musée, sans avoir besoin de bouger. Tout passe par un écran relié au fauteuil. On peut admirer chaque détail de chaque salle, via une modélisation au plus proche de la réalité. « Cela nous permet de voir ce que cela va rendre et de travailler ensuite sur chaque point de problématique soulevé, chaque écueil ». Un défi technologique qui a pris plus de deux ans pour être réalisé.
Pendant toute la durée des travaux, le musée reste ouvert, mais sur des portions restreintes. On peut toutefois profiter de la Dame à la Licorne et de l’incroyable plénitude du Frigidarium, situé au sous-sol et qui nous donne l’impression de voyager dans le temps…