Le Canadien Kris Knight retrouve la Galerie Alain Gutharc, où il avait déjà montré son travail en 2016. Il n’a pas changé : il est toujours le peintre de la sensualité sereine. Son monde est peuplé de jeunes hommes rayonnants, que parfois l’on reconnaît (le créateur de mode Davide Marello par exemple). L’artiste saisit en pleine lumière leur visage ou leur portrait en buste. Un seul nu est présenté ; il est magnifique, dans la pleine gloire de la jeunesse. Knight aime aussi peindre ses modèles de dos. Tel est le plus grand format de l’exposition, un homme en kimono debout devant un paysage de mer, dans un camaieu très doux. Les dos nus, toutefois, sont plus caractéristiques : ils célèbrent la séduction érotique de la nuque, ce paradis des caresses rarement investi par l’art.
Paradoxalement, l’oeuvre la plus intime de cette belle exposition est une « nature morte » : le plateau d’un meuble sur lequel sont posés quelques objets, une reproduction de Manet, une photo-souvenir, un coquillage que l’on imagine porté à l’oreille pour entendre le bruit de la mer… Une fenêtre s’ouvre sur une vie et sur des songes, exactement comme dans les sublimes images où Hervé Guibert photographiait sa table à écrire ou ses étagères de livres. En donnant accès à son monde, on se livre davantage qu’en partageant son plaisir. Une chose est certaine : les mondes de Kris Knight sont garçonniers. Ils sont peuplés de ceux-là même dont les visages et les corps se détachent sur les murs blancs de la galerie, en provenance directe d’un matin d’été où la lumière dorée et l’air vif jouent sur la peau nue.
Kris Knight, A little time out – Galerie Alain Gutharc, 7 rue Saint-Claude, Paris IIIe – jusqu’au 8 juin.
Illustrations : courtesy de la Galerie Gutharc, © Aurélien Mole.