Avec Le Modèle noir, le Musée d’Orsay présente jusqu’au 21 juillet prochain, la toute première exposition consacrée à la représentation des Noirs en France, de la Révolution française aux années 1950. Une exposition historique, mais aussi politique, tant l’on peut y voir l’évolution de la vision des personnes à la peau noire dans les œuvres artistiques, jusqu’aux changements de titres de certaines œuvres (le Portrait de Madeleine de Marie Gullemine Benoist en 1800 s’intitulait de prime abord Portrait d’une négresse). Parmi les artistes que l’on y retrouve, Géricault (et son modèle Joseph, issu de Saint-Domingue), Matisse (dont la muse était la danseuse haïtienne Carmen) ou encore Manet, avec son célèbre Olympia.
Ce tableau est un véritable catalyseur, tant il fit scandale à l’époque avec son modèle préféré, Victorine Meurent, représentée entièrement nue sur un divan, avec à ses côtés, une servante noire lui tendant un bouquet de fleurs et dont il a fallu bien des années pour savoir de qui il s’agissait. L’exposition le dévoile : elle s’appelait05 Laure, une jeune fille qui vivait à Paris, rue Vintimille. Cette exposition a permis de le savoir, comme tant d’autres choses que le grand public ignore encore. Il voyagera ainsi des Caraïbes aux Etats-Unis (avec la première abolition de l’esclavage en 1794), en passant par Haïti et l’Afrique. Une manière de mettre enfin en lumière celles et ceux qui sont restés si longtemps dans l’ombre. Et parmi les événements culturels qui émailleront cette exposition, on retrouvera des performances ou lectures d’artistes tels qu’Abd al Malik, Lilian Thuram, Pascal Légitimus ou encore Marie Ndiaye.