Femme du monde, actrice et aujourd’hui marraine de la Fondation Children of Africa, présidée par la Première dame de Côte d’Ivoire Dominique Nouvian Ouattara, la princesse Ira de Fürstenberg possède des talents de créatrice. Depuis le début des années 2000, elle donne vie à des objets décoratifs inscrits dans un univers fantasmagorique, dont certains ont été exposés au musée Jacquemart-André et à l’hôtel de la Monnaie à Paris. Retour sur la très riche carrière de cette incontournable de la jet set et de l’humanitaire.
C’est ce qu’on appelle avoir plusieurs vies, après être bien née. Fille d’un prince germanique, liée par sa mère à la puissante famille Agnelli, les maîtres de Fiat, Ira de Fürstenberg a grandi dans un palais vénitien. A quinze ans, elle se marie avec un autre prince qui a le double de son âge. C’est le futur pape Jean XXIII qui unit les deux tourtereaux… qui divorcent au bout de cinq ans. Mannequin et actrice dans les années 60, elle tourne plusieurs films, la plupart devenus cultes, dont un thriller avec Klaus Kinski intitulé Casse au Vatican. Elle abandonne le cinéma au début des années 70 et travaille un temps au côté du couturier Valentino.
Ira de Fürstenberg cristallise la rencontre entre la vieillie aristocratie Mitteleuropa et la fantaisie à l’italienne. Un personnage de Visconti échappé des écrans qui se consacre désormais à la création d’objets de décoration.
Une Arche de Noé composée par un amateur de baroque
Voilà vingt ans qu’elle s’est lancée. A l’origine, c’était un simple passe-temps. Une façon pour elle de créer des cadeaux originaux pour ses amis. Et puis, le succès est arrivé. Après une mise en avant dans plusieurs salles parisiennes, son art lui a valu l’an passé d’être exposée au prestigieux musée Correr de Venise.
Les mauvais langues prétendent que dans le Gotha, on n’aime pas travailler. Ira de Fürstenberg, elle, travaille toutes les matières. Elle a commencé par des matériaux simples, comme le lapis et la malachite, avant de passer à des roches plus nobles, plus difficiles à modeler, comme le porphyre, cette pierre rouge extraite en Egypte qu’on trouve partout à Rome, la ville où elle réside quand elle ne court pas le monde.
Avec ces pierres qu’elle aimer marier au cristal et aux métaux précieux, parfois aidée par des artisans rompus aux techniques traditionnelles, elle compose un bestiaire où la fantaisie est reine. Au fil du temps, elle s’est entourée d’une ménagerie qui compte aujourd’hui plus de deux mille pièces. Une Arche de Noé composée par un amateur de baroque. Lézards et libellules. Dragons, chameaux, crocodiles et échassiers. Poulpe en bronze en hommage à Jules Verne. A propos de ses créations, elle aime parler de « cirque minéral ».
Engagée avec Dominique Nouvian Ouattara auprès des enfants d’Afrique
Parmi les motifs de fierté confiés par la princesse au moment d’exposer dans la ville qui l’a vue grandir : le fait que des chefs d’Etat collectionnent ses objets. Pas seulement : ils font aussi appel à ses talents pour donner de l’éclat à leurs oeuvres de charité.
Depuis plusieurs années, Ira de Fürstenberg est la marraine de la Fondation présidée par Dominique Nouvian Ouattara, Première Dame de Côte d’Ivoire. C’est tout naturellement qu’est née l’idée de vendre certaines de ses créations au profit de cette fondation phare en Côte d’Ivoire. Après une première exposition en 2015, elle a récidivé, en avril dernier, pour son deuxième vernissage à la salle des fêtes du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire en compagnie de Dominique Nouvian Ouattara.
Exposée sur tous les continents, naviguant entre vernissages, fêtes people et galas de charité, la princesse savoure aujourd’hui une vie où le plus important à ses yeux, c’est de continuer à être active. « J’ai eu une vie difficile et légère à la fois, confiait-t-elle récemment à Paris Match. Difficile, parce que j’ai perdu un fils. Légère, parce que j’évolue dans un monde fortuné ».
Avec tout ça, celle qui a travaillé avec Marcello Mastroianni et Anthony Quinn et fut un temps présentée comme une rivale de Gina Lollobrigida serait-elle tentée par un retour au cinéma ? Pourquoi pas. Surtout, dit-elle, si c’est Almodovar qui est derrière la caméra. Baroque, toujours.