« Hey !», le cabinet de curiosités de la Halle Saint-Pierre

« Hey !», le cabinet de curiosités de la Halle Saint-Pierre
Yannick Unfricht - "Entité 1".
À voir

Avec la quatrième édition de Hey !, l’exposition consacrée à la pop culture et à l’art moderne de la Halle Saint-Pierre, vous avez rendez-vous avec l’exceptionnel, mais aussi le dérangeant, le morbide et le décalé. Un événement dérangeant et fascinant à découvrir jusqu’au 2 août prochain.

Troy Brooks – « Veiled Apollo ».

 

C’est en 2011 que fut initiée la première édition de Hey !, en collaboration entre la Halle Saint-Pierre et d’Anne et Julien, les commissaires invités et créateurs de la revue Hey ! Modern art & pop culture. Le but de cette exposition qui célèbre jusqu’au 2 août sa quatrième édition, mettre en avant un désir d’expérimentation et d’exploration d’un art qui ne laisse pas indifférent, loin de là. Sculptures, photographies, peintures ou installations sont au programme, pour interroger la rétine et l’emmener dans un monde où le macabre règne en maître, de même que l’ironie et le talent de ces 36 artistes représentés, issus de 17 pays différents. La plupart d’entre eux n’ont jamais été exposés en France auparavant et nul doute que ce ne sera pas la dernière fois qu’ils le seront. Leurs œuvres figuratives vont vous interpeller et vous emmener dans des univers horrifiques et oniriques.

Shelter Shirrstone – « Matricaria Chamomilla OctoRat « Kamilla » ».

 

Le mystère mise en oeuvres. Peut-on parler d’art alternatif en découvrant cette exposition ? Mais tout art ne le fut-il pas à un moment donné ? Ce sont les fondateurs de cet événement qui en parlent le mieux. « Hey ! est une zone franche où le marché et le spectateur n’ont pas l’ascendant. Y gouvernent le rejet d’une neutralité, l’amour de la forme figurative et des artistes qui n’ont rien du chef d’entreprise. Que doit être l’art sinon une expression des émotions sans prétexte ni alibi ? » Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les différentes œuvres présentées sont loin d’être dénuées d’émotions. Elles en suscitent de nombreuses, simultanément, de l’interrogation au dégoût, parfois, de l’émerveillement à la stupéfaction. Comment en parler sans trop en dévoiler, sans gâcher une surprise qui se doit de rester intacte à la vision de ces œuvres si personnelles, si imprégnées de l’âme de leur artiste, aussi tourmentée que lucide, ancrée dans son époque et pourtant tellement intemporelle.

Paul Toupet – « Géant ».

 

Des œuvres ultra-référencées, que ce soit dans Géant, qui nous accueille, lapin de plus de deux mètres de haut en bois, plâtre résiné et mousse expansible du Français Paul Toupet et qui évoque Alice au pays des merveilles ou le film Donny Darko ? Ce n’est pas pour rien qu’il a été placé en ouverture de l’exposition, tant il nous donne la couleur de ce qui nous attend le long des quelques salles peuplées d’œuvres mystérieuses. L’Espagnol Gerard Mas, lui, s’inspire du Moyen Age avec ces sculptures de femmes en résine et en costumes d’époque, qui se retrouvent munies d’éléments contemporains, d’un micro-casque à une bulle de chewing-gum.

Gerard Mas – « Call Center Lady ».

 

Bestiaire de vanités. Mais c’est la Mort qui semble surtout inspirer ces artistes. La Mort que l’on recherche, que l’on attire, que l’on repousse, mais belle et bien présente. A travers différentes vanités (les illustrations de l’Américaine Lizz Lopez, comme Mother, à la mine de plomb sur papier ; la sculpture en textile de la Suissesse Nathalie Verdon, The Eternal Mother ou encore l’assemblage L’Arbre des damnés du Thaïlandais Quan Wansanit Deslouis et ses crânes de rongeur devenus les héros d’un monde où les insectes sont maîtres).

Yoshiko Kusano – « Abschlussfestli im Kindergarten ».

 

La Mort rôde dans les photographies du Français Yannick Unfricht, avec Entité, digne d’un épisode d’American Horror Story, tandis que tout un bestiaire de monstres et chimères se donne rendez-vous pour un ballet macabre et hypnotisant. Que ce soit la Gorgone en terre cuite et en feuille d’or du Belge Chen M ou l’illustration au crayon de couleur Veiled Apollo du Canadien Troy Brooks, la céramique I don’t want to grow up de l’Italien Alessandro Gallo ou la porcelaine Matricaria Chamomilla OctoRat « Kamilla » du Russe Shelter Shirrstone, sans oublier la sculpture Gargoyles des Américains Betsy Youngquist et R. Scott Long, ces créatures semblent le témoignage d’une civilisation ni d’ici, ni d’ailleurs.

Chen M – « La Gorgone ».

 

Elles sont le reflet d’une liberté artistique qui fait plaisir à voir, même si certaines œuvres peuvent déranger ou heurter les rétines. Elles sont là pour cela. Provoquer un désir, un mouvement de recul, une envie d’en savoir plus, d’en découvrir d’autres. D’autres œuvres de ces artistes, d’autres œuvres de cet acabit. Ce sera pour la prochaine édition de Hey !. On l’espère encore plus forte et émouvante que celle-ci, mais la barre est placée haute…

Betsy Youngquist et R. Scott Long – « Gargoyles ».

 

Halle Saint-Pierre, 2 rue Ronsard 75018 Paris
Du lundi au vendredi de 11h à 18h, le samedi de 11h à 19h et le dimanche de 12h à 18h.