Face aux catastrophes naturelles, aux conflits territoriaux ou encore à la détérioration, un grand nombre de musées optent aujourd’hui pour la numérisation de leur collection. Ce processus technologique apparaît comme une solution afin d’obtenir une copie des œuvres d’art et ainsi, préserver virtuellement notre patrimoine.
La préservation de notre patrimoine, un enjeu numérique important
Aucun lieu culturel n’est à l’abri d’une catastrophe, qu’elle soit naturelle ou humaine. Le musée national de Rio au Brésil en a fait les frais récemment puisqu’en septembre 2018, un incendie a ruiné une grande partie de sa collection. En effet, ce sont pratiquement 20 millions de pièces qui sont parties en fumée : une perte inestimable pour le patrimoine du pays. Le site de Palmyre en Syrie est un autre exemple de patrimoine qui a été sérieusement abîmé ces dernières années.
En France, un plan de sauvegarde des biens culturels existe, il est devenu une priorité pour le Ministère de la culture et de la communication. Par exemple, en cas de réelle catastrophe, il a pour objectif de mener à bien l’évacuation des œuvres. De manière quotidienne, les musées sont tenus de chercher des solutions pour préserver leur patrimoine. La numérisation est l’une de ces solutions puisqu’il s’agit d’une technique permettant de garder une trace numérique d’un objet ou d’un lieu, ce qui assure d’une certaine façon sa préservation. Récemment, la numérisation 3D est de plus en plus convoitée puisqu’elle permet d’obtenir la copie conforme d’un objet ou d’un lieu en trois dimensions. Elle consiste à « capturer la forme d’un objet en utilisant un scanner 3D. Le résultat obtenu est un fichier 3D informatique qui peut être enregistré, édité et même imprimé en 3D ». Ce processus technologique est possible grâce à des technologies innovantes telles que la photogrammétrie, la photographie en haute résolution ou encore les scanners 3D.
Ainsi, la numérisation apparaît comme un enjeu important pour les musées et devient synonyme de sauvegarde.
Les visites virtuelles rendues possibles grâce à la numérisation
A partir de certains objets numérisés en deux ou trois dimensions, des visites virtuelles de lieux culturels, et notamment de musées, ont déjà pu être réalisées. Un des exemples les plus frappants est celui de Google. L’entreprise est complètement impliquée dans la visite virtuelle de sites culturels et a noué de nombreux partenariats avec des musées à ce sujet. Avec la plateforme “Art & Culture”, le géant américain propose à chacun de visiter gratuitement de chez soi certains lieux culturels. Environ quatre mois après le désastre du musée de Rio, la société a ainsi proposé une visite du lieu via son outil “Google Street View”. L’entreprise précisa que « même si les images ne peuvent remplacer ce qui a été perdu, elles nous offrent un moyen de nous en souvenir ». Depuis 2016, Google photographiait plusieurs œuvres et pièces du musée, avec l’outil Art Camera, dans le but de réaliser une visite virtuelle.
Un écosystème favorable
De nombreux prestataires existent dans le domaine de la numérisation, ils ont pour objectif d’assurer une sauvegarde de notre patrimoine avant qu’il ne soit détruit. Certains se sont spécialisés dans la reconstitution de sites menacés, comme Iconem, qui a réalisé la reconstitution en trois dimensions de quatre sites en danger au Moyen-Orient, dont Palmyre. Une autre société est experte dans la numérisation 3D du patrimoine : il s’agit d’Art Graphique & Patrimoine. Récemment, leur équipe s’est rendue en Syrie pour scanner en trois dimensions le temple de Bêl ou encore le souk d’Alep.
De façon générale, les rapports entre entreprises de la tech et mastodontes de la culture sont, en France, plutôt cordiales. Des groupes comme le groupe de protection sociale Audiens, dirigé par Odile Tessier, utilisent leurs fonds pour aider les start-up innovantes dans le monde de la culture. La “Nurserie” d’Audiens (nom du programme d’accompagnement du groupe) n’est pas le seul incubateur puisque l’on compte aussi des structures telles que Creatis, La Creative Factory Selection ou encore l’Institut du Patrimoine qui s’occupe justement de la préservation du patrimoine numérique. Cet écosystème a un rôle salvateur.
En plus de faire face aux diverses catastrophes, la numérisation peut être vue comme une prévention face à la détérioration et à l’usure des œuvres d’art. Exposer la version numérique de l’objet d’art permettrait alors la préservation de l’œuvre réelle.
Avec ces nouvelles technologies, notre patrimoine peut ainsi être copié numériquement. Son souvenir est alors sauvegardé. Bien entendu, cette reproduction digitale ne remplace absolument pas l’objet physique mais elle permet d’en avoir une copie et de partager l’œuvre plus facilement. Un bel exemple de la technologie au service de l’art.