Le projet Le Voyage de G. Mastorna reste l’arlésienne de Federico Fellini. Demeuré inachevé, le film sera adapté à partir du 28 mars par la troupe de la Comédie Française. Le Théâtre du Vieux Colombier accueillera sa mise en scène par Marie Rémond, et sera transformé, pour l’occasion, en atelier d’artiste.
La Dolce Vita, 8 ½, Satyricon, Fellini Roma… La liste des chefs-d’œuvre de Federico Fellini n’est plus à énumérer, tant ils ont depuis longtemps intégré le patrimoine du cinéma mondial. Pourtant, le réalisateur a laissé de côté, dans les années 1960, un ambitieux projet, intitulé Le Voyage de G. Mastorna, inspiré de la lecture par le cinéaste d’un roman de Dino Buzzati. Narrant le parcours dans l’au-delà d’un garçon de douze ans, ce scénario ambitieux voyait Fellini marcher sur les traces de Dante, et de Kafka… Mais les coûts de production, les hésitations puis la dépression de l’auteur eurent raison de cette belle promesse, restée à l’état de script accompagné de nombreuses notes et de quelques essais filmés avec Marcello Mastroianni.
Marie Rémond a souhaité donner de ce film avorté une pièce réflexive. Elle y a inséré autant le sujet de l’œuvre que le contexte dans lequel elle n’a pas réussi à éclore. C’est la raison pour laquelle le décor du Vieux Colombier (dans une scénographie bifrontale) figure un atelier d’artistes, où les personnages de fiction et les professionnels du cinéma se confondent. Laurent Lafitte incarne ainsi une évocation de Marcello Mastroianni, et Serge Bagdassarian Fellini himself, dans une mise en scène qui mêle une vision du Voyage de G. Mastorna et une interrogation sur les difficultés de la création.