À l’heure des cahiers de doléances qui font état d’une France périphérique privée de certains services accessibles dans les métropoles, on ne peut que saluer l’existence du MuMo (musée mobile) qui propose aux populations des zones rurales et périurbaines d’accéder gratuitement à des expositions d’art contemporain.
Lancée en 2011, la première version du MuMo consistait en un container habillé par Daniel Buren et surmonté d’une sculpture gonflable de Paul Mc Carthy. Tracté par un semi-remorque, le container se déployait sur deux niveaux pour fournir une surface d’exposition de 45m². Depuis 2016, après avoir reçu le label gouvernemental La France s’engage lancé en 2014 par François Hollande pour récompenser les projets au service de la société les plus innovants, une nouvelle version a vu le jour. Le MuMo 2 est un camion rouge aménagé par la designer Matali Crasset qui se déplie horizontalement. L’îlot central, d’une superficie de 30 m2, constitue le lieu principal d’exposition. Il s’ouvre sur l’extérieur par différentes plateformes qui permettent d’accueillir une bibliothèque, un atelier ou une salle de projection. Bien que soumis à des conditions de sécurité exigeantes (liées à l’accueil du public et à la conservation des œuvres), la nouvelle version se veut plus conviviale. La designer a préféré concevoir le musée comme un cabinet de curiosités plutôt que comme un white cube. Les expositions devant être participatives, elle a placé au centre de la salle d’exposition un établi dont les spectateurs sont invités à ouvrir les tiroirs.
Initié par Ingrid Brochard, une femme d’affaires passionnée d’art contemporain, le projet est financé par une fondation de mécènes (Fondations Daniel et Nina Carasso), des entreprises privées (Total, SNCF, PSA) et des institutions publiques (ministères de la Culture, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche). Il est également soutenu par l’UNESCO et ATD Quart-Monde. Le CNAP, Centre National des Arts Plastiques, dont la mission est d’appuyer la vitalité de la scène artistique française, est un partenaire régulier ainsi que les FRAC, Fonds Régionaux d’Art Contemporain, dont la mission est de diffuser l’art sur leurs territoires. Ces derniers prêtent habituellement leurs œuvres au musée itinérant.
Partant de l’idée que les populations des campagnes et des banlieues ne sont pas composées d’habitués de l’art contemporain en raison du budget qu’il nécessite mais surtout en raison de leur méconnaissance de ce type d’art liée à leur éloignement géographique des institutions dédiées, le Mumo met l’accent sur l’éducation des plus jeunes afin de susciter des habitudes culturelles. Il est réservé aux scolaires (écoliers, collégiens et lycéens) durant la semaine. Il s’agit d’éveiller l’intérêt pour l’art et la culture chez ces adultes en puissance dont la moitié n’est jamais allée au musée. Un médiateur vient en amont de l’installation du musée mobile afin de former les enseignants, animateurs et éducateurs pour qu’ils puissent présenter les pièces et ouvrir la discussion. Des fiches d’œuvre, élaborées par Sandrine Cormault, historienne d’art spécialisée en art moderne et contemporain sont également mises à leur disposition. Cependant, le MuMo se veut ouvert à tous ; il va également à la rencontre des résidents de centres de soin et est accessible aux habitants des lieux dans lesquels il s’installe le week-end.
Enfin, si ce bus aménagé en musée sillonne surtout les routes de France, il a également traversé la Belgique, l’Espagne, la Suisse, le Cameroun et la Côte d’Ivoire. Les chiffres sont concluants : en cinquante étapes réparties sur quatre régions visitées par an, le MuMo accueille environ 20 000 visiteurs chaque année. La prochaine exposition aura lieu du 29 janvier au 2 février à Fontenay-le-Comte dans le 85 ; elle sera, comme toujours, ouverte de 8 h 30 à 19 heures.