Défiant le temps depuis plus de 800 ans, la cathédrale Velha de Coimbra, au Portugal, voit aujourd’hui ses pierres rongées de l’intérieur par un mystérieux champignon noir aux origines inconnues.
Craintes et perplexité au sein de la communauté de chercheurs de l’université de Coimbra face à la prolifération d’un champignon noir a priori inconnu au bataillon. Son petit nom ? Aeminiaceae, « une nouvelle espèce, d’un nouveau genre et d’une nouvelle famille », explique João Trovão, l’un des principaux auteurs de l’étude publiée dans la revue MycoKeys.
Construite entre les 12e et 13e siècles, la cathédrale Velha de Coimbra se dresse depuis comme un fer de lance de l’art roman. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO dès 1910, elle est la seule cathédrale portugaise construite à l’époque de la Reconquista (722-1492) et conservée intacte jusqu’alors. Mais ce bijou architectural se voit aujourd’hui menacée de l’intérieur, au cœur même de ses imposants blocs de calcaire, par d’inquiétantes moisissures. Une espèce de champignon inédite qui ronge progressivement la pierre et les sculptures de l’édifice. Peu à peu recouvertes de noir, elles finissent par se fissurer sous l’effet des polysaccharides corrosifs produits par les champignons.
La menace est prise très au sérieux par les chercheurs tant le processus de dégradation semble délicat à enrayer, le champignon ayant résisté jusque-là à tous les traitements : températures extrêmes, fortes radiations d’ultra-violet, sécheresses… D’autant plus au sérieux que si le mal est lié à la nature même des pierres utilisées lors de la construction, d’autres monuments pourraient se voiler de noir et s’effriter. À l’instar de l’Hôpital royal de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne, construit avec des pierres provenant des mêmes carrières. « Le transport du calcaire contaminé pourrait avoir contribué à la dispersion de cet agent destructeur ». Le combat ne fait donc que commencer, en espérant qu’il ne soit pas déjà trop tard.