Après la Maison de l’UNESCO, c’est au tour de L’Institut du Monde arabe d’accueillir pour encore jusqu’au mois de mars une exposition-événement organisée par le Qatar, qui fait dialoguer les cultures à travers l’Histoire.
S’asseoir pour dépasser ses préjugés. Jusqu’au 10 mars 2019, l’Institut du Monde arabe à Paris accueille l’exposition « Majlis, cultures en dialogue », présentée par le Qatar. Courez admirez ces corans chinois, tapis persans, lampes de mosquées viennoises, multiples objets fabriqués en Inde ou au Moyen-Orient : autant de trésors de la collection personnelle du Sheikh Faisal Bin Qassim Al Thani, extraits des quelque 30 000 pièces que compte son musée qatari, le plus grand établissement culturel privé du pays.
Le majlis, une institution sociale du monde arabe
Le majlis, c’est cet espace de vie en commun que l’on retrouve au centre de tous les foyers du Golfe arabique. Littéralement traduit par le « lieu où l’on s’assoit », le majlis fait partie intégrante de la société arabe, dans laquelle il représente également un lieu d’échange entre familles et visiteurs venus de l’extérieur, et de transmission du savoir. À partir de huit ans, les garçons d’autrefois y étaient admis, avant qu’ils ne soient autorisés à s’y exprimer de manière convaincante et argumentée à partir de 14 ans.
Aujourd’hui toujours, le majlis est le lieu politique par excellence, où échangent le peuple et ses dirigeants. Une véritable institution sociale, qui a été reconstituée pour l’occasion à l’Institut du Monde Arabe, permettant aux visiteurs de s’asseoir pour écouter des histoires ou échanger leurs impressions. Autant de fonctions ici mises en valeur à travers un ensemble d’objets « reflétant l’interaction des civilisations du passé, tout en encourageant le dialogue entre les peuples, sur la base des valeurs et d’un patrimoine commun ».
Une exposition symbole de l’ouverture qatarie
Le dialogue, c’est celui qu’entretiennent ces objets aussi rares qu’étonnants, comme ce plateau de cuivre sur lequel est gravé un Saint Georges entouré un poème chrétien… calligraphié en arabe. Ou ces tapis persans rassemblant saints chrétiens, califes arabes, explorateurs portugais et même Napoléon Bonaparte. Ou encore ce brûle-parfum chinois décoré de la shadada, la profession de foi musulmane… En somme, l’exposition donne à voir les échanges féconds et la tolérance qui existaient alors entre cultures a priori opposées, comme en contrepoint du repli identitaire qui frappe nos sociétés contemporaines.
À l’origine de cet événement, le Sheikh Faisal Ben Qassim Al Thani, né en 1948 à Doha, à une époque où les Qataris vivaient de la pêche à la perle. Passionné de culture, ce grand collectionneur a patiemment rassemblé des dizaines de milliers de pièces dans son musée, dont des objets antéislamiques, afin de ne pas nier l’histoire. « Les musées sont plus que de simples lieux d’exposition d’objets, confie-t-il à “Connaissance des Arts”. Ce sont des centres culturels, avec cette visée éducative qui consiste à montrer la dimension humaine du développement historique à travers le prisme de l’art ».
Avant qu’elle ne s’envole pour l’Autriche, l’Allemagne, la Turquie, le Royaume-Uni et les États-Unis, ne manquez pas d’admirer les chefs-d’œuvre de « Majlis, cultures en dialogue » : le symbole vibrant et plus actuel que jamais d’un Qatar et, plus généralement, d’un monde et d’une société arabe, ouverts sur le monde et la culture au sens large.