L’œuvre était une Adoration des Bergers, comme il en existe des dizaines dans l’Histoire de l’Art occidentale. Le carton mentionnait « école bolonaise du XVIIème siècle », pour tout auteur, faute d’identification plus précise. Le mois dernier, alors que la société Vendu organisait sa vente aux enchères à Rotterdam, les acheteurs ont reconnu la main d’un des frères Carracci à la vue du tableau. Estimée initialement entre 800 et 1600€, la toile a été finalement adjugée 440.000€, sans compter les frais.
Après la vente les acheteurs et la société Vendu avaient émis l’hypothèse que l’huile sur cuivre était signée d’Annibal Carracci. Pour d’autres amateurs, notamment nos confrères de La Tribune de L’Art, elle serait plutôt à mettre au crédit de son cousin, Ludovico, dont le style général correspond semble-t-il à ce tableau.
Une aubaine pour les marchands et les amateurs, qui ont pu ainsi (re)découvrir en salle des ventes une œuvre confidentielle d’un des maîtres de Bologne, et aîné de la famille Carracci, dont on connaît trois peintres émérites : Ludovico et Annibal donc, ainsi qu’Augustin. Né en 1555, le premier cité fonda notamment une Académie dans sa ville, et reste surtout connu pour l’emphase et l’humanité de ses toiles. Ses sujets religieux notoires, comme L’Annonciation, Les Funérailles de la Vierge et Martyre de Sainte Ursule ont forgé sa réputation au sein du panthéon de la peinture baroque d’Italie du Nord. Il y a huit ans, l’Art Institute de Chicago avait acquis une œuvre de sa main de dimension similaire à l’Adoration pour un peu plus de 800.000 $.