Des expositions temporaires à découvrir à Venise

Des expositions temporaires à découvrir à Venise
Exposition sur Le Tintoret. Copyright Julien Wagner.
À voir

C’est un euphémisme que de dire que Venise est un musée à ciel ouvert. Comme c’en est un autre de parler de ses musées, tous plus somptueux les uns que les autres, nécessitant une visite à coup sûr lors de son séjour. Voici quelques-unes des expositions temporaires qui se tiennent actuellement dans ces musées, histoire de prolonger encore davantage l’expérience artistique et de se plonger dans Venise autrement, à travers les artistes ou les courants qu’elle a décidé de mettre en avant, afin d’offrir au public un autre regard, exigeant, instructif, passionnant. Voici les trois que nous avons choisies.

Printing R-Evolution and society, 1450-1500, au Musée Correr. En cinquante ans, c’est le visage entier de l’Europe qui a changé, avec une invention, l’imprimerie. Le Musée Correr permet de découvrir jusqu’au 30 avril, comment cette invention a révolutionné le monde connu de l’époque, à travers une exposition ludique et une présentation de livres rares, voire uniques. Un projet né de l’université d’Oxford qui souhaitait étudier l’impact économique et social de cette invention sur les 50 premières années où elle fut utilisée. On y découvre que contrairement à une idée reçue, les premiers ouvrages ne parlaient pas forcément de religion, mais de ce que l’on vivait à l’époque, même si la plupart de ces ouvrages ont aujourd’hui disparu.

Copyright Julien Wagner.

 

Une supposition faite à travers la bibliothèque retrouvée de Léonard de Vinci, composée à la fin du XVe siècle de 38 ouvrages de divers horizons. L’exposition révèle ainsi des chiffres impressionnants : 28 000 éditions différentes ont survécu entre 1450 et 1500 (dont 8 000 uniquement à un exemplaire), ce qui représente 500 000 exemplaires, dispersés dans 4 000 lieux différents : librairies publiques, musées ou collections privées. Des livres qui avaient un certain prix à l’époque, bien plus que n’importe quel bien de nécessité quotidienne. Et c’était Venise qui était au cœur de cette production, assurant également la distribution des ouvrages dans toute l’Europe. A travers des documents d’époque, des fac-similés ou des vidéos, l’exposition retrace toute cette aventure et comment les scientifiques et les historiens ont pu se plonger dans les prémices de cette invention qui a bouleversé le monde…

Copyright Julien Wagner.

 

Il Giovane Tintoretto, à la Gallerie dell’Accademia. Venise célèbre cette année les 500 ans de la naissance d’un de ses peintres les plus emblématiques, Le Tintoret. Difficile de trouver une église, un musée, qui ne recèle pas au moins un de ses tableaux. Et plusieurs de ces musées organisent une exposition qui lui est consacrée, comme au Palais des Doges qui présente 50 tableaux et 20 dessins réunis pour la première fois, ainsi qu’une mise en rapport avec des artistes contemporains qui lui rendent hommage à leur façon.

Exposition sur Le Tintoret. Copyright Julien Wagner.

 

Mais pour une vraie rétrospective du maître, c’est à la Gallerie dell’Accademia qu’il faut se rendre, jusqu’au 6 janvier prochain. L’exposition présente tout d’abord la formation artistique du peintre, en étant témoin du travail de Véronèse, Pâris Bordone, du Titien ou encore Pordenone, les fleurons de la plus pure tradition de la peinture vénitienne. On y voit ainsi des tableaux de ces derniers qui fascineront et façonneront le style du jeune Tintoret. Ainsi que ceux de ses rivaux contemporains, comme Lambert Sustris, Jacopo Bassano ou Andrea Schiavone. Mais vers la fin des années 1530, c’est un nouveau Tintoret, plus affirmé que l’on découvre. Il a désormais son propre atelier, multiplie les tableaux, devient très demandé par des collectionneurs. Il faut dire qu’il développe sa propre technique de peinture, abondamment montrée dans l’exposition, notamment pour des portraits dont il était un spécialiste. On retrouve également le tableau emblématique du Tintoret, Le Miracle de l’esclave, réalisé entre 1547 et 1548, qui fit scandale à l’époque dans le monde de la peinture, empêchant son auteur d’accéder à la notoriété qu’il aurait méritée et le confinant dans l’ombre du Titien. Il est aujourd’hui entièrement réhabilité à Venise et bien plus encore…

« Le Miracle de l’esclave » de Tintoret. Copyright Julien Wagner.

 

Osvaldo Licini, au Peggy Guggenheim Collection. Changement total d’époque et de style, avec la rétrospective consacrée à Osvaldo Licini au Peggy Guggenheim Collection jusqu’au 14 janvier. Si le lieu vaut le déplacement à lui seul, la (re)découverte de l’artiste italien est une raison valable de s’y rendre. 80 de ses œuvres sont ainsi présentées, montrant toute l’étendue de son style, de la peinture de paysage à ses débuts à son goût vers l’abstrait poétique, abandonnant tout dogme au fur et à mesure. Un art constamment revisité présenté ici de manière chronologique pour montrer sa quête perpétuelle du changement.

Les paysages d’Osvaldo Licini. Copyright Julien Wagner.

 

Aussi, il est difficile de croire qu’il s’agisse du même peintre, quand on voit ses représentations de paysages à ses débuts et les anges abstraits et déstructurés de la fin de sa carrière. Tout commence donc à Bologne en 1914, avec des peintures inspirées de Cézanne ou André Derain, même s’il commence rapidement à peindre des images de soldats et des scènes de guerre particulièrement stylisées. Peut-être une influence de ses amitiés d’alors, de Cocteau à Modigliani, en passant par Picasso. On sent en tout cas ce qui bouillonne à l’intérieur de l’artiste, qui ne demande qu’à s’exprimer.

Les Archanges de Licini. Copyright Julien Wagner.

 

Il commence d’ailleurs dès la fin des années 1910 à représenter des archanges, ce qui le fascinera tout au long de sa vie. Il commence pleinement à peindre des tableaux figuratifs et abstraits dans les années 1930 et c’est à partir des années 1940 qu’il se lancera pleinement dans une fantaisie toute surréaliste qui lui fera obtenir en 1958, le Grand Prix de la Biennale de Venise.

Et aussi : D’autres expositions ont attiré notre attention. Byzance, splendeur et déclin d’un empire, à la Bibliothèque Marciana. Venise : Willy Ronis à la Casa dei Tre Occi et la vision de Venise par le célèbre photographe sur plus de 120 clichés. Ou encore De Kandinksy à Botero au Palazzo Zaguri. Ou Beyond the horizon de Davide Battistin, à la Fondation Querini Stampolia.

Exposition sur l’empire byzantin. Copyright Julien Wagner.