Jusqu’au 14 janvier 2019, le musée de l’Orangerie propose un aller simple vers le Portugal avec une exposition étonnante consacrée à l’artiste Paula Rego. Une peintre née en 1935 à Lisbonne et qui a fui son pays natal au moment de la dictature de Salazar, faisant ses premières armes à Londres où elle réside toujours. Fascinée par la littérature et les arts visuels du XIXe siècle, à la fois réaliste et fantastique, elle mêle dans ses œuvres des influences de contes (Peter Pan, Alice au pays des merveilles), de tableaux qui l’impressionnent (notamment de Degas, Hogarth, Goya…) et les histoires de romans qu’elle a lus (comme Jane Eyre). A cela, elle amalgame des éléments du réel, les enjeux politiques et sociaux de son époque, ce qui fait que régulièrement, ses tableaux donnent l’impression d’un conte cruel qui nous ressemble étrangement.
Dans ses peintures, elle évoque la condition féminine, les jeux de pouvoir, les hiérarchies, cherchant à bousculer l’ordre établi. Elle place souvent de l’ironie dans ces images de familles embourgeoisées, adressant régulièrement des piques contre l’Etat ou la religion. Les personnages ou animaux de ses tableaux sont sans cesse travestis, transformés, pour que l’on se retrouve en permanence dans ce flottement voulu entre réalité et fantasmagorie. L’exposition présente ainsi 70 tableaux et dessins de l’artiste, entre grandes toiles acryliques sur papier et cycles de pastel. En parallèle, on retrouve des gravures de ceux qui l’inspirent, de Daumier à Goya en passant par Rabier et Degas. Il s’agit ici de sa première exposition d’ampleur sur le territoire français. Il serait dommage de passer à côté.