A l’occasion du centenaire de l’Armistice du 11 novembre 1918, retour sur une artiste américaine dont peu de monde a entendu parler et qui pourtant a eu son rôle d’importance à la fin et au lendemain de la Première Guerre mondiale. Née en 1878 en Pennsylvanie, Anna Coleman épouse en 1905 Maynard Ladd, un médecin et s’initie à la sculpture en suivant des cours auprès de Bela Pratt. Ses premières œuvres prennent la forme de lutins ou de nymphes et en 1914, elle fonde avec d’autres artistes, la Guild of Boston Artists. Elle reçoit de plus en plus de commandes et ses œuvres sont exposées un peu partout à travers le pays. Dont Triton babies, à l’exposition universelle de San Francisco en 1915 et actuellement installée dans une fontaine du Boston Public Garden. Mais en 1917, son mari est envoyé au front, en France, en tant que médecin membre de la Croix-Rouge américaine. Anna Coleman Ladd le suit et son destin va prendre une nouvelle tournure…
Elle s’initie au travail du sculpteur anglais Francis Derwent Wood qui réalise des masques pour redonner forme humaine à des soldats défigurés revenant du front. Elle décide d’en faire de même et crée ses premiers masques dans un studio, décoré de drapeaux américains et français. Là, elle réalise des moulages des combattants d’après des photos d’avant leurs blessures et peint le masque terminé directement sur le soldat, afin de reproduire la couleur de sa carnation. Elle réalisera ainsi, avec l’aide de quatre assistants, quelques 185 masques, permettant ainsi à ceux que l’on qualifiait alors de « gueules cassées », de renouer avec leur vie d’avant avec moins de honte et de désenchantement. La sculptrice, revenue aux Etats-Unis pour poursuivre son œuvre d’avant-guerre, recevra en 1932 le grade de Chevalier de la Légion d’Honneur pour son travail à la fois esthétique, humaniste et artistique pendant la guerre.