On parle souvent du trafic d’œuvres d’art qui a eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale et qui fait souvent l’actualité. On en a d’ailleurs fait des films, tirés de faits réels, tels Monuments Men ou La Femme au tableau. Mais on parle beaucoup moins des œuvres qui ont subi le même sort pendant l’époque coloniale. C’est le combat que mène actuellement le prince Kum’a-Ndumbe III, petit-fils d’un des derniers rois du Cameroun. Président de la fondation AfricAvenir international, il demande depuis plus de trente ans la restitution d’une proue de bateau volée à sa famille et située actuellement dans un musée allemand. « En 1981, j’ai mis en place une équipe de recherche pluridisciplinaire pour prendre le témoignage de ceux qui ont vécu la colonisation. Ce sont les Africains eux-mêmes qui géraient leiurs objets de culte et d’adoration. Il y a eu une altération : c’étaient des œuvres de culte, que les Européens ont transformées en objets d’art marchands », explique-t-il dans le reportage de Denis Bassompierre et Hervé Dhinaut, Allemagne-Cameroun : le bras de fer.
Un témoignage qui intervient lors d’une polémique actuelle, avec l’installation du Forum Humboldt à Berlin, qui va accueillir des objets d’arts acquis pendant la période coloniale de l’Allemagne en Afrique, notamment au Cameroun, occupé jusqu’en 1914. Mais certains de ces objets seraient en fait issus de pillages sur les populations locales lors d’expéditions militaires et scientifiques à la fin du XIXe siècle. Le Cameroun demande donc leur restitution, ce que l’Allemagne ne semble pas encline de faire. L’appel de Kum’a-Ndumbe III sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr…