La galerie Marian Goodman présente jusqu’au 27 octobre une sélection d’œuvres de l’artiste Fred Sandback. Montré pour la première fois à Paris par cette même galerie et exposé pour la dernière fois en 2008 à la galerie Nelson-Freeman, le travail de Fred Sandback nous entraine dans un univers qui oscille entre tension et fragilité.
L’exposition présente douze sculptures réalisées entre 1967 et 2002. La première Untitled (Corner Piece) est conçue en corde élastique, témoignant de sa période d’expérimentation. Toutes les autres sont exclusivement constituées de fils d’acrylique monochromes, médium qu’il adopte définitivement à partir du milieu des années 1970. Créées pour d’autres lieux, les sculptures de Fred Sandback sont ici réinterprétées pour les espaces de la galerie. Le système de fixation des fils qui relient mur et sol ou sol et plafond est totalement invisible, donnant l’impression que les structures émanent du bâtiment lui-même. Tendus dans toutes les directions, ces fils blancs, noirs ou colorés dessinent dans l’espace les arrêtes de volumes. Une atmosphère de tension fragile se dégage de ces œuvres tridimensionnelles qui redessinent l’espace et nous invitent à l’arpenter autrement.
Quelques dessins de l’artiste sont présentés ici. Ces œuvres réalisées en amont ou en aval de ses sculptures nous rappellent ce que sont ces structures sans texture : de simples croquis déployés dans l’espace. Nous pouvons ainsi admirer le plan de sa première exposition personnelle Untitled (Blue Line, 11 meters long, Konrad Fischer Gallery, Dusseldorf, 1969) ou encore un dessin en lien avec la série des Broken lines sculptures, réalisé en 1995. Nets et fins, les tracés de ces figures affichent la même force délicate que celle déployée dans les œuvres en trois dimensions. Ici encore c’est au spectateur d’imaginer la texture de ces parois résumées en quelques traits. Tout comme les sculptures, les dessins attestent d’une attention extrême portée à la ligne et d’une capacité à ne capter que l’essentiel.
Le titre de l’exposition fait d’ailleurs référence à l’essai de Valérie Mavridorakis intitulé Fred Sandback ou Le Fil d’Occam qui fait du travail de l’artiste une adaptation dans l’art du principe de simplicité inventé par Guillaume d’Occam. La formule « Les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité » est en effet attribuée à ce philosophe scolastique. Un travail d’épuration que l’on retrouve dans les œuvres exposées ici et qui fait de l’esthétique de Fred Sandback l’une des plus radicales du Minimalisme.